Depuis l’établissement des relations diplomatiques avec le Saint-Siège en 1992 et l’arrivée, presque simultanée, des premiers missionnaires, l’Eglise catholique de Mongolie s’est considérablement développée, affirmant sa présence dans ce vaste pays peu peuplé, et s’investissant dans de nombreux secteurs, comme l’éducation, les activités sociales et médicales, ou encore des projets de développement.

« Dieu a fait de grandes choses pour nous ! », se réjouit Mgr Wenceslao Padilla, préfet apostolique d’Oulan-Bator. D’origine philippine, il fête lui aussi cette année ses vingt années de ministère dans le pays où il a vu se créer et grandir la communauté catholique dont il a la charge pastorale.

En 1992, à peine la nouvelle république de Mongolie naissait-elle des cendres de l’ancien Etat communiste qu’elle établissait des relations diplomatiques avec le Saint-Siège et autorisait de nouveau les missionnaires à pénétrer sur son territoire. Trois missionnaires du Cœur Immaculée de Marie (CICM), dont le futur Mgr Wenceslao Padilla, avaient été alors envoyés reconstruire les bases d’une communauté chrétienne sur les lieux où, soixante-dix ans plus tôt, la même congrégation avait créé une mission sui juris, entièrement balayée par l’avènement du communisme (1).

Aujourd’hui, la préfecture apostolique de Mongolie, érigée en 2002, compte quatre paroisses. Trois d’entre elles se trouvent dans la capitale Oulan-Bator: Ste-Marie, St Pierre-St Paul (cathédrale), le Bon Pasteur. La dernière née, Marie-Secours des chrétiens, créée en 2007 se trouve à Darhan, la deuxième ville plus importante de Mongolie. A ces communautés paroissiales, il faut également ajouter un nombre croissant de missions et de chapelles, dont Dair Ekh, Niseh, Shuwuu, Yaarmag, Zuun Mod, Arvaikheer, ou encore Bayan-Khoshuu.

Le nombre des catholiques en Mongolie, difficile à évaluer aujourd’hui en l’absence de statistiques précises, est estimé entre 420 et 700 baptisés. Quant aux membres du clergé (prêtres séculiers et religieux), leur nombre atteindrait 85 desservants parmi lesquels il faudrait compter 64 missionnaires venus de 18 pays et appartenant à une dizaine de congrégations différentes. « Nous avons fondé une Eglise locale vivante mais la presque totalité du clergé de la préfecture apostolique est d’origine étrangère, explique Mgr Padilla. Il est grand temps d’encourager les vocations, et de former des animateurs pastoraux au sein de l’Eglise locale. »

Les premiers temps de son installation, l’Eglise catholique, frappée par les besoins d’une population très démunie après des décennies passées sous un régime totalitaire, s’était investie en priorité dans des projets d’aide sociale, éducative et médicale. Avec le soutien du gouvernement, les congrégations avaient été nombreuses à créer des écoles, des foyers d’accueil, des centres de soins, des hôpitaux, des magasins d’alimentation ou encore des exploitations agricoles.

Mais aujourd’hui, la jeune communauté catholique ressent davantage la nécessité d’accorder une place plus importante à l’approfondissement de la foi et surtout à la formation de néophytes dont le nombre ne cesse de croître (selon le site de l’Eglise catholique d’Oulan-Bator, plus de 500 enfants suivent « l’école du dimanche »).

Mgr Padilla, qui se préoccupe particulièrement de la formation d’un clergé autochtone en Mongolie, s’est réjoui avec toute la communauté catholique en 2008 de l’envoi au séminaire de Daejeon, en Corée du Sud, du premier séminariste d’origine mongole, Enkh Baatar. Par ailleurs, la préfecture d’Oulan-Bator subventionne les études de jeunes catholiques à l’université de Saint-Louis de Baguio City, aux Philippines, dirigée par les CICM (2), et encourage la traduction et la publication de textes de la Bible, de catéchismes et de livres de prières usuelles destinés aux fidèles.

Dans son projet pastoral de 2012, qu’il a présenté à ses fidèles fin décembre, Mgr Padilla a souligné l’importance de la célébration des vingt années d’existence de la communauté catholique pour devenir davantage des acteurs de changement, dans les paroisses, la société, et même le pays. Revenant sur les difficultés économiques actuelles de la Mongolie, les fléaux de l’alcoolisme, du chômage, de la pauvreté, de la corruption ainsi que la disparition des valeurs morales, le prélat a mis l’accent sur le rôle que peuvent se donner les chrétiens dans la restauration de la dignité de l’être humain.

Toujours à l’occasion de cette année de célébration, Mgr Padilla a fait savoir qu’il organiserait des rencontres avec les fidèles, les membres du clergé et les congrégations, afin de connaître « les souhaits, aspirations et suggestions » de tous, des avis qui pourront également être exprimés par un questionnaire. Des événements culturels, des commémorations et des célébrations sont d’ores et déjà planifiés, ainsi que la réalisation de brochures, articles ou films vidéo destinés à faire connaître la petite Eglise de Mongolie. Des compétitions artistiques solliciteront les talents des fidèles, comme un concours de composition de chants pour l’événement (dont la remise des prix a lieu aujourd’hui 8 février) ou encore la fabrication d’objets dérivés (T-shirts, posters etc.). Les célébrations culmineront avec les commémorations de ce qui s’avère être un double anniversaire: le 4 avril, date de l’établissement des relations diplomatiques avec le Saint-Siège en 1992, et plusieurs jours de fête du 5 au 8 juillet, célébrant l’érection de la mission sui juris d’Urga (Oulan-Bator) en préfecture apostolique avec la nomination de Mgr Padilla, le 8 juillet 2002 (3).

Mais si l’Eglise catholique de Mongolie est consciente du chemin parcouru, elle sait également qu’il lui faut compter avec la nouvelle donne du paysage religieux qui ne cesse de se modifier depuis l’ouverture du pays dans les années 1990, et l’inscription de la liberté religieuse dans la Constitution. Aujourd’hui, l’Eglise catholique doit faire face à une véritable « explosion » des spiritualités, dont l’islam, qui représente environ 5 % de la population, de petits groupes de baha’is et de mormons, mais surtout de nombreuses Eglises protestantes, essentiellement évangéliques et pentecôtistes, qui se développent avec une très grande rapidité (4).

Selon les statistiques déclarées par les différentes communautés religieuses en Mongolie, les chrétiens, toutes confessions confondues, représenteraient à l’heure actuelle près de 2 % de la population mongole, laquelle suit majoritairement les pratiques d’un bouddhisme tibétain local mêlé de croyances chamaniques.

(1) Toutes les institutions religieuses de Mongolie ont connu une répression féroce à partir de 1921, date de l’instauration d’un régime marxiste inféodé à Moscou. En quelques années, les 2 500 monastères et lamaseries que comptait le pays ont disparu et les communautés chrétiennes naissantes ont été anéanties. La liberté religieuse a été rétablie en 1991 avec le retour de la démocratie.
(2) Voir EDA 506: http://eglasie.mepasie.org/asie-du-nord-est/mongolie/la-prefecture-apostolique-doulan-bator-envoie-ses
(3) Voir entre autres www.catholicchurch-mongolia.mn et http://solages.voila.net/Church/lieux
(4) Sur l’émergence des nouvelles religiosités en Mongolie, voir le dossier « Mongolie: le bouddhisme perd du terrain » dans le Supplément EDA n° 6 de janvier 2009: http://eglasie.mepasie.org/asie-du-nord-est/mongolie/supplement-eda-6-2009-le-bouddhisme-perd-du-terrain.

(Source: Eglises d'Asie, 8 février 2012)