La rentrée scolaire 2015 (qui débute courant janvier ) a fait le plein d’élèves dans les nouveaux établissements gérés par les jésuites et les différentes congrégations religieuses qui, au Timor oriental, tentent de reconstruire les infrastructures scolaires, complètement détruites en 1999.
Après des décennies d'occupation indonésienne et des siècles de colonisation portugaise, le système éducatif de la partie orientale de l’île de Timor, devenue indépendante il y a 13 ans seulement (1), est exsangue, voire inexistant dans certaines régions isolée du territoire.
En témoigne Isaura Cardoso qui enseigne à l’école primaire Aitutu (dans le district d'Ainaro) et se souvient des premières années qui ont suivi l’indépendance : « Les temps étaient durs et les enfants comme les enseignants, devaient s’asseoir par terre , car il n’y avait ni table ni chaises ».
Le Timor oriental (Timor Leste) est considéré comme l’un des pays les plus pauvres du monde. Dans ce pays où tout est à reconstruire, le taux de croissance de la population est cependant le plus élevé sur la planète ( les deux tiers des Timorais ont moins de 25 ans ) et ses besoins dans le domaine de l’éducation sont par conséquent exponentiels.
Face à l’impossibilité des pouvoirs publics de répondre à cette urgence, les institutions d’Eglise ont commencé à poser les bases d’une infrastructure éducative. Le pays qui sur une population de 1,2 millions d’habitants compte 99% de chrétiens, a encouragé les projets de fondations d’établissements par les congrégations religieuses et en particulier celle de la Compagnie de Jésus.
Cette nouvelle année scolaire 2015 permet déjà de faire un premier bilan. Parmi ses nombreux programmes en cours d’exécution, le « Projet d’éducation jésuite » inauguré solennellement l’année dernière, a d’ores et déjà réussi son pari. Constitué de deux établissements complémentaires, un collège et un centre de formation pour enseignants, fondés et tenus par les jésuites, il est aujourd’hui « le précieux poumon éducatif de l’Eglise locale », comme le rapporte l'agence Fides le 31 janvier dernier.
Les deux instituts d'éducation sont implantés sur le même campus, à Kasait, (district de Liquiça ), une zone majoritairement rurale située à quelque km de Dili, la capitale du pays, et dans laquelle la Compagnie de Jésus mène déjà plusieurs programmes de santé et d’enseignement.
L'Institut Saint Jean de Brito (ISJB) est destiné à former les professeurs de l’enseignement secondaire ainsi que des filières professionnelles et technique. Il est encore en construction, laquelle devrait prendre encore une dizaine d'années, dans l’attente des fonds nécessaires à son achèvement. Il ouvrira néanmoins ses portes aux premiers étudiants dès janvier 2016.
L'autre établissement est une école secondaire, le Collège Saint Ignace de Loyola (CSIL), qui a accueilli son premier contingent d’élèves le 15 janvier 2013. Dans leur uniforme rouge flambant neuf, 74 filles et garçons choisis à l’issue d’un long processus de sélection, ont pénétré dans les nouvelles classes à peine achevées. Ce mois de janvier, pour sa deuxième année d’existence, le collège a admis 86 nouveaux élèves. Il est prévu qu'en 2018, environ 550 enfants y soient scolarisés. Au collège sera également rattaché au cours de cette année un centre de formation professionnel
Le « Projet jésuite d'éducation », a été inauguré officiellement le 25 janvier 2014 en présence du P. Adolfo Nicolas, Supérieur Général de la Compagnie de Jésus, du P. Mark Raper, Supérieur régional du Timor oriental, des provinciaux locaux de plusieurs congrégations religieuses ainsi que de tous les supérieurs majeurs de la Conférence des Jésuites de l'Asie-Pacifique. Etaient également présents Mgr Alberto Ricardo da Silva, évêque de Dili et le représentant de l'évêque de Maliana, le P. Lucio Norberto de Deus.
Le gouvernement avait délégué quant à lui le ministre de la solidarité sociale et le ministre de l'Éducation Bendito Dos Santos Freitas, lequel a tenu à souligner que « l'une des marques distinctives de l'éducation jésuite était sa capacité à former des individus conscients et responsables vis-à-vis de leur société, qui devenaient des modèles de conduite morale, renforçant la structure sociale et donnant vie aux valeurs humaines et chrétiennes ».
Ce à quoi le P. Nicolas a répondu que le but premier de la Compagnie « n'était certes pas de poursuivre une tradition jésuite en ouvrant un établissement de plus (...) mais bien de contribuer à la croissance du Timor Oriental (…) en participant avec les forces vives du pays, à la construction d'un avenir meilleur ».
Un an après cette inauguration solennelle, le P. Plinio Martins, principal du Collège Saint Ignace, se réjouit du succès de l’école et surtout du changement de vision des habitants sur la nécessité de l’éducation : « Les parents ont compris qu’ils devaient s’impliquer dans l’éducation de leurs enfants ; par exemple, l’école ne pouvant assurer le transport scolaire, ils se sont cotisés pour louer un camion qui emmène et ramène les enfants à l 'école tous les jours ».
Le deuxième établissement concerné par le projet des jésuites répond à un autre besoin, tout aussi criant, celui du manque de professeurs. Comme le rappelle sur son blog, Joao Dos Santos, l’un des responsables au Timor Leste de la Banque mondiale, la plupart des enseignants, d’origine indonésienne pour leur grande majorité, quittèrent le pays au moment de l’indépendance, sans avoir pu former suffisamment de professeurs locaux.
Il n’existe actuellement qu'une seule université, privée, qui offre l’équivalent du baccalauréat permettant d’enseigner. Parmi les 7 000 enseignants volontaires recrutés par le gouvernement, certains d’entre eux n’ont même pas l’équivalent du baccalauréat, et s’il existe un Institut national de formation des enseignants (INFORDEPE), il ne propose ni un niveau de compétence suffisant ni le nombre de diplômés nécessaire. Et pourtant, en dix ans, le nombre d’enseignants a doublé, passant de moins de 6 000 à plus de 12 000.
Pour les jésuites, qui ont lancé leurs premières écoles dès leur arrivée au Timor il y a un siècle, la priorité est désormais à la formation d’enseignants d’origine timoraise, ainsi qu’à la mise en place d’un institut formant des professeurs à un niveau plus élevé que celui de simples instituteurs. L’avenir du pays lui-même est en jeu. Le P. Plenio dos Reis Martins, directeur du nouveau collège Saint Ignace, en est convaincu : « Le but de l’éducation ici est d’aider les jeunes Timorais à mettre leur pays sur les rails pour aller de l’avant, car s’il n’y a pas de personnes suffisamment qualifiées, le Timor fera du sur-place ».
Une volonté de s’impliquer dans le développement du pays que soulignait le P. Raper lors de l’inauguration du collège en 2014 : « La Compagnie de Jésus aujourd'hui s'engage à continuer de servir le peuple timorais, à sa manière à elle, c'est-à-dire à travers l'enseignement ; nous espérons que les enfants du Timor seront la force créatrice de cette nation (...) et qu’ils deviendrons, à travers nos écoles et notre enseignement, (...) des citoyens qui seront fiers de leur culture et dont leur nation sera fière. » (eda/msb)
(1) Après un quart de siècle d’occupation indonésienne et de guerre civile (1975-1999) et trois ans d’administration par l’ONU, l’ancienne colonie portugaise est devenue indépendante en 2002. Mais les premières années du Timor Leste ont été marquées par des flambées de violences meurtrières, dont les plus importantes furent le soulèvement militaire de 2006 et les attaques menées contre le président et le Premier ministre en 2008.
(Source: Eglises d'Asie, le 3 février 2015)
Après des décennies d'occupation indonésienne et des siècles de colonisation portugaise, le système éducatif de la partie orientale de l’île de Timor, devenue indépendante il y a 13 ans seulement (1), est exsangue, voire inexistant dans certaines régions isolée du territoire.
En témoigne Isaura Cardoso qui enseigne à l’école primaire Aitutu (dans le district d'Ainaro) et se souvient des premières années qui ont suivi l’indépendance : « Les temps étaient durs et les enfants comme les enseignants, devaient s’asseoir par terre , car il n’y avait ni table ni chaises ».
Le Timor oriental (Timor Leste) est considéré comme l’un des pays les plus pauvres du monde. Dans ce pays où tout est à reconstruire, le taux de croissance de la population est cependant le plus élevé sur la planète ( les deux tiers des Timorais ont moins de 25 ans ) et ses besoins dans le domaine de l’éducation sont par conséquent exponentiels.
Face à l’impossibilité des pouvoirs publics de répondre à cette urgence, les institutions d’Eglise ont commencé à poser les bases d’une infrastructure éducative. Le pays qui sur une population de 1,2 millions d’habitants compte 99% de chrétiens, a encouragé les projets de fondations d’établissements par les congrégations religieuses et en particulier celle de la Compagnie de Jésus.
Cette nouvelle année scolaire 2015 permet déjà de faire un premier bilan. Parmi ses nombreux programmes en cours d’exécution, le « Projet d’éducation jésuite » inauguré solennellement l’année dernière, a d’ores et déjà réussi son pari. Constitué de deux établissements complémentaires, un collège et un centre de formation pour enseignants, fondés et tenus par les jésuites, il est aujourd’hui « le précieux poumon éducatif de l’Eglise locale », comme le rapporte l'agence Fides le 31 janvier dernier.
Les deux instituts d'éducation sont implantés sur le même campus, à Kasait, (district de Liquiça ), une zone majoritairement rurale située à quelque km de Dili, la capitale du pays, et dans laquelle la Compagnie de Jésus mène déjà plusieurs programmes de santé et d’enseignement.
L'Institut Saint Jean de Brito (ISJB) est destiné à former les professeurs de l’enseignement secondaire ainsi que des filières professionnelles et technique. Il est encore en construction, laquelle devrait prendre encore une dizaine d'années, dans l’attente des fonds nécessaires à son achèvement. Il ouvrira néanmoins ses portes aux premiers étudiants dès janvier 2016.
L'autre établissement est une école secondaire, le Collège Saint Ignace de Loyola (CSIL), qui a accueilli son premier contingent d’élèves le 15 janvier 2013. Dans leur uniforme rouge flambant neuf, 74 filles et garçons choisis à l’issue d’un long processus de sélection, ont pénétré dans les nouvelles classes à peine achevées. Ce mois de janvier, pour sa deuxième année d’existence, le collège a admis 86 nouveaux élèves. Il est prévu qu'en 2018, environ 550 enfants y soient scolarisés. Au collège sera également rattaché au cours de cette année un centre de formation professionnel
Le « Projet jésuite d'éducation », a été inauguré officiellement le 25 janvier 2014 en présence du P. Adolfo Nicolas, Supérieur Général de la Compagnie de Jésus, du P. Mark Raper, Supérieur régional du Timor oriental, des provinciaux locaux de plusieurs congrégations religieuses ainsi que de tous les supérieurs majeurs de la Conférence des Jésuites de l'Asie-Pacifique. Etaient également présents Mgr Alberto Ricardo da Silva, évêque de Dili et le représentant de l'évêque de Maliana, le P. Lucio Norberto de Deus.
Le gouvernement avait délégué quant à lui le ministre de la solidarité sociale et le ministre de l'Éducation Bendito Dos Santos Freitas, lequel a tenu à souligner que « l'une des marques distinctives de l'éducation jésuite était sa capacité à former des individus conscients et responsables vis-à-vis de leur société, qui devenaient des modèles de conduite morale, renforçant la structure sociale et donnant vie aux valeurs humaines et chrétiennes ».
Ce à quoi le P. Nicolas a répondu que le but premier de la Compagnie « n'était certes pas de poursuivre une tradition jésuite en ouvrant un établissement de plus (...) mais bien de contribuer à la croissance du Timor Oriental (…) en participant avec les forces vives du pays, à la construction d'un avenir meilleur ».
Un an après cette inauguration solennelle, le P. Plinio Martins, principal du Collège Saint Ignace, se réjouit du succès de l’école et surtout du changement de vision des habitants sur la nécessité de l’éducation : « Les parents ont compris qu’ils devaient s’impliquer dans l’éducation de leurs enfants ; par exemple, l’école ne pouvant assurer le transport scolaire, ils se sont cotisés pour louer un camion qui emmène et ramène les enfants à l 'école tous les jours ».
Le deuxième établissement concerné par le projet des jésuites répond à un autre besoin, tout aussi criant, celui du manque de professeurs. Comme le rappelle sur son blog, Joao Dos Santos, l’un des responsables au Timor Leste de la Banque mondiale, la plupart des enseignants, d’origine indonésienne pour leur grande majorité, quittèrent le pays au moment de l’indépendance, sans avoir pu former suffisamment de professeurs locaux.
Il n’existe actuellement qu'une seule université, privée, qui offre l’équivalent du baccalauréat permettant d’enseigner. Parmi les 7 000 enseignants volontaires recrutés par le gouvernement, certains d’entre eux n’ont même pas l’équivalent du baccalauréat, et s’il existe un Institut national de formation des enseignants (INFORDEPE), il ne propose ni un niveau de compétence suffisant ni le nombre de diplômés nécessaire. Et pourtant, en dix ans, le nombre d’enseignants a doublé, passant de moins de 6 000 à plus de 12 000.
Pour les jésuites, qui ont lancé leurs premières écoles dès leur arrivée au Timor il y a un siècle, la priorité est désormais à la formation d’enseignants d’origine timoraise, ainsi qu’à la mise en place d’un institut formant des professeurs à un niveau plus élevé que celui de simples instituteurs. L’avenir du pays lui-même est en jeu. Le P. Plenio dos Reis Martins, directeur du nouveau collège Saint Ignace, en est convaincu : « Le but de l’éducation ici est d’aider les jeunes Timorais à mettre leur pays sur les rails pour aller de l’avant, car s’il n’y a pas de personnes suffisamment qualifiées, le Timor fera du sur-place ».
Une volonté de s’impliquer dans le développement du pays que soulignait le P. Raper lors de l’inauguration du collège en 2014 : « La Compagnie de Jésus aujourd'hui s'engage à continuer de servir le peuple timorais, à sa manière à elle, c'est-à-dire à travers l'enseignement ; nous espérons que les enfants du Timor seront la force créatrice de cette nation (...) et qu’ils deviendrons, à travers nos écoles et notre enseignement, (...) des citoyens qui seront fiers de leur culture et dont leur nation sera fière. » (eda/msb)
(1) Après un quart de siècle d’occupation indonésienne et de guerre civile (1975-1999) et trois ans d’administration par l’ONU, l’ancienne colonie portugaise est devenue indépendante en 2002. Mais les premières années du Timor Leste ont été marquées par des flambées de violences meurtrières, dont les plus importantes furent le soulèvement militaire de 2006 et les attaques menées contre le président et le Premier ministre en 2008.
(Source: Eglises d'Asie, le 3 février 2015)