« Je m’engage à me soucier de notre maison commune » : tel est le contenu du message que Mgr Luis Antonio Tagle, cardinal et archevêque de Manille, a adressé au Mouvement catholique mondial pour le climat (GCCM). Ce réseau mondial fondé en 2015, qui œuvre pour la mobilisation des catholiques en faveur de la justice climatique, a formulé un « appel à vivre Laudato Si » le 17 juin dernier, à la veille du deuxième anniversaire de la publication de l’encyclique Laudato Si.
Cet appel à vivre Laudato Si a pour ambition de sensibiliser 1 % des 1,2 milliard de catholiques à travers le monde aux enjeux environnementaux. Accessible en ligne (LiveLaudatoSi.org), il constitue une « réponse à l’appel urgent du pape François formulé dans Laudato Si » et invite « à prier pour et avec la Création, à vivre d’une manière plus simple et à s’engager à protéger la maison commune ». Le mouvement à l’origine de cette initiative s’est engagé à envoyer à ses signataires des propositions concrètes, de manière à adopter un mode de vie compatible avec cet engagement, pour transformer leur signature en acte.
Un appel lancé aux Philippines par un mouvement né aux Philippines
Deuxième encyclique du pape François, publiée le 18 juin 2015, Laudato Si est consacrée à « la sauvegarde de la maison commune » et dénonce notamment la dégradation environnementale et le réchauffement climatique. En Asie, cet appel à vivre une « conversion écologique » avait suscité une prise de conscience inégale au sein des Eglises locales. Aux Philippines, ce texte avait reçu un accueil particulièrement chaleureux. L’Eglise catholique locale y est en effet fortement impliquée dans le combat contre les problèmes environnementaux. Cet archipel de 7 000 îles, où 80 % des 92 millions d’habitants sont catholiques, est considéré comme particulièrement concerné par le changement climatique : selon le World Risk Report 2016, il s’agit du troisième pays le plus vulnérable aux changements climatiques, après le Vanuatu et les îles Tonga.
Quelques mois avant la parution de cette encyclique, le 14 janvier 2015, soit la veille de l’arrivée du pape François aux Philippines (le Saint-Père a effectué une visite pastorale aux Philippines du 15 au 19 janvier 2015), des religieux, laïcs et théologiens avaient mis en place le Mouvement catholique mondial pour le climat. Ce réseau entendait poursuivre deux objectifs : sensibiliser l’Eglise sur le changement climatique et faire entendre la voix de catholiques sur les questions environnementales, afin d’obtenir, lors de la 21ème Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 21), organisée à Paris, du 30 novembre au 12 décembre 2015, un accord aussi ambitieux que possible. Le lancement de ce réseau mondial, effectué aux Philippines, témoignait de l’implication de l’Eglise de ce pays dans les batailles environnementales.
Parmi les cinq cent signataires de « l’appel à vivre Laudato Si » figure notamment Mgr Tagle, archevêque de Manille. « Chers amis, je vous invite à rejoindre l’appel à vivre Laudato Si. Ne vous contentez pas de signer, prenez cet engagement au sérieux, vivez-le », a déclaré l’archevêque de Manille dans une vidéo publiée le 17 juin dernier sur la page Facebook du Mouvement catholique mondial pour le climat aux Philippines. Et de poursuivre : « Vivez plus simplement et essayez de prendre part au plaidoyer pour notre maison commune. Pas juste pour nous-mêmes, mais pour les prochaines générations ». Outre le cardinal Tagle, l’archevêque de Lipa, Mgr Socrates Villegas, actuel président de la Conférence des évêques catholiques des Philippines (CBCP), a lui aussi signé cet engagement. Il s’est par ailleurs engagé à demander aux 120 évêques philippins de signer cet engagement pendant leur assemblée plénière qui se déroulera en juillet prochain.
Aux Philippines, le lancement de « l’appel à vivre Laudato Si » constitue l’un des deux principaux événements organisés dans le cadre de « la semaine Laudato Si », qui s’est déroulée du 13 au 18 juin. L’autre événement était un Forum destiné à encourager les ordres religieux à se détourner des énergies fossiles. Une quarantaine de participants, représentants différents ordres religieux, s’est engagée à inscrire dans la charte éthique de leur ordre de ne pas investir dans les énergies fossiles. Pour le GCCM, contacté par Eglises d’Asie, cela constitue « la réponse religieuse au besoin de remplacer les énergies fossiles, comme indiqué par le pape François dans Laudato Si ».
L’Eglise locale, particulièrement attentive aux enjeux climatiques
En 2015, le Mouvement catholique mondial pour le climat avait déjà lancé une pétition mondiale, accessible en ligne, afin de « faire entendre la voix catholique sur les changements climatiques et faire pression sur les dirigeants internationaux » réunis à Paris pour la COP 21. L’Eglise des Philippines s’était alors particulièrement investie dans cette initiative, qui avait recueilli plus de 900 000 signatures. Le 10 juillet 2015, soit quelques semaines après la publication de Laudato Si, Mgr Tagle avait envoyé un message aux membres du réseau Caritas, dont il a été élu président en mai 2015 pour un mandat de quatre ans, afin de les inviter à prendre part à la « révolution écologique » à laquelle le pape appelle tout être humain.
Aux Philippines, l’engagement d’une partie du clergé et de l’épiscopat en faveur de la justice écologique est ancien. En 1988 était publiée « la première Lettre pastorale [intitulée « What is happening to our beautiful land ? »] au monde rédigée par une Conférence épiscopale sur la question de l’environnement », comme l'indique Mgr Villegas. Lue dans toutes les églises du pays, pour attirer l’attention du public sur « la grave crise » créée par l’exploitation sauvage des forêts et de la mer, cette lettre avait été écrite suite aux nombreuses sollicitations adressées à l’épiscopat par un certain nombre de prêtres philippins engagés dans les luttes populaires contre la déforestation et l’exploitation minière. Et en 2008, les évêques avaient réactualisé leur prise de position dans un document intitulé « Défendre la sainteté de la vie ». Ce dernier soulignait l’urgence à « agir immédiatement » et reprenait mot pour mot la conclusion de la Lettre pastorale de 1988, pointant ainsi le peu de progrès réalisé en deux décennies en matière de protection de l’environnement. Le pape François, dans Laudato Si, cite cette Lettre, au paragraphe 41, sous le chapitre intitulé « La perte de la biodiversité », et reconnaît ainsi les efforts pastoraux de l’Eglise aux Philippines.
Suite aux accords de Paris, les Philippines se sont engagées à réduire, de manière très ambitieuse, 70 % de leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, tout en continuant pourtant à construire des centrales à charbon, afin de répondre aux besoins d’une économie en forte croissance. L’Eglise a, de son côté, mis en place un bureau, au sein de l’archidiocèse de la capitale, dédié à l’environnement ; et elle n’hésite pas prendre part aux manifestations populaires contre les énergies fossiles. En avril 2016, l’archevêque catholique de Lipa, Mgr Ramon Arguelles, est ainsi devenu, en quelques semaines, l’un des visages de la « croisade anti-charbon ». (eda/pm)
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(Source: Eglises d'Asie, le 21 juin 2017)
Un appel lancé aux Philippines par un mouvement né aux Philippines
Deuxième encyclique du pape François, publiée le 18 juin 2015, Laudato Si est consacrée à « la sauvegarde de la maison commune » et dénonce notamment la dégradation environnementale et le réchauffement climatique. En Asie, cet appel à vivre une « conversion écologique » avait suscité une prise de conscience inégale au sein des Eglises locales. Aux Philippines, ce texte avait reçu un accueil particulièrement chaleureux. L’Eglise catholique locale y est en effet fortement impliquée dans le combat contre les problèmes environnementaux. Cet archipel de 7 000 îles, où 80 % des 92 millions d’habitants sont catholiques, est considéré comme particulièrement concerné par le changement climatique : selon le World Risk Report 2016, il s’agit du troisième pays le plus vulnérable aux changements climatiques, après le Vanuatu et les îles Tonga.
Quelques mois avant la parution de cette encyclique, le 14 janvier 2015, soit la veille de l’arrivée du pape François aux Philippines (le Saint-Père a effectué une visite pastorale aux Philippines du 15 au 19 janvier 2015), des religieux, laïcs et théologiens avaient mis en place le Mouvement catholique mondial pour le climat. Ce réseau entendait poursuivre deux objectifs : sensibiliser l’Eglise sur le changement climatique et faire entendre la voix de catholiques sur les questions environnementales, afin d’obtenir, lors de la 21ème Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 21), organisée à Paris, du 30 novembre au 12 décembre 2015, un accord aussi ambitieux que possible. Le lancement de ce réseau mondial, effectué aux Philippines, témoignait de l’implication de l’Eglise de ce pays dans les batailles environnementales.
Parmi les cinq cent signataires de « l’appel à vivre Laudato Si » figure notamment Mgr Tagle, archevêque de Manille. « Chers amis, je vous invite à rejoindre l’appel à vivre Laudato Si. Ne vous contentez pas de signer, prenez cet engagement au sérieux, vivez-le », a déclaré l’archevêque de Manille dans une vidéo publiée le 17 juin dernier sur la page Facebook du Mouvement catholique mondial pour le climat aux Philippines. Et de poursuivre : « Vivez plus simplement et essayez de prendre part au plaidoyer pour notre maison commune. Pas juste pour nous-mêmes, mais pour les prochaines générations ». Outre le cardinal Tagle, l’archevêque de Lipa, Mgr Socrates Villegas, actuel président de la Conférence des évêques catholiques des Philippines (CBCP), a lui aussi signé cet engagement. Il s’est par ailleurs engagé à demander aux 120 évêques philippins de signer cet engagement pendant leur assemblée plénière qui se déroulera en juillet prochain.
Aux Philippines, le lancement de « l’appel à vivre Laudato Si » constitue l’un des deux principaux événements organisés dans le cadre de « la semaine Laudato Si », qui s’est déroulée du 13 au 18 juin. L’autre événement était un Forum destiné à encourager les ordres religieux à se détourner des énergies fossiles. Une quarantaine de participants, représentants différents ordres religieux, s’est engagée à inscrire dans la charte éthique de leur ordre de ne pas investir dans les énergies fossiles. Pour le GCCM, contacté par Eglises d’Asie, cela constitue « la réponse religieuse au besoin de remplacer les énergies fossiles, comme indiqué par le pape François dans Laudato Si ».
L’Eglise locale, particulièrement attentive aux enjeux climatiques
En 2015, le Mouvement catholique mondial pour le climat avait déjà lancé une pétition mondiale, accessible en ligne, afin de « faire entendre la voix catholique sur les changements climatiques et faire pression sur les dirigeants internationaux » réunis à Paris pour la COP 21. L’Eglise des Philippines s’était alors particulièrement investie dans cette initiative, qui avait recueilli plus de 900 000 signatures. Le 10 juillet 2015, soit quelques semaines après la publication de Laudato Si, Mgr Tagle avait envoyé un message aux membres du réseau Caritas, dont il a été élu président en mai 2015 pour un mandat de quatre ans, afin de les inviter à prendre part à la « révolution écologique » à laquelle le pape appelle tout être humain.
Aux Philippines, l’engagement d’une partie du clergé et de l’épiscopat en faveur de la justice écologique est ancien. En 1988 était publiée « la première Lettre pastorale [intitulée « What is happening to our beautiful land ? »] au monde rédigée par une Conférence épiscopale sur la question de l’environnement », comme l'indique Mgr Villegas. Lue dans toutes les églises du pays, pour attirer l’attention du public sur « la grave crise » créée par l’exploitation sauvage des forêts et de la mer, cette lettre avait été écrite suite aux nombreuses sollicitations adressées à l’épiscopat par un certain nombre de prêtres philippins engagés dans les luttes populaires contre la déforestation et l’exploitation minière. Et en 2008, les évêques avaient réactualisé leur prise de position dans un document intitulé « Défendre la sainteté de la vie ». Ce dernier soulignait l’urgence à « agir immédiatement » et reprenait mot pour mot la conclusion de la Lettre pastorale de 1988, pointant ainsi le peu de progrès réalisé en deux décennies en matière de protection de l’environnement. Le pape François, dans Laudato Si, cite cette Lettre, au paragraphe 41, sous le chapitre intitulé « La perte de la biodiversité », et reconnaît ainsi les efforts pastoraux de l’Eglise aux Philippines.
Suite aux accords de Paris, les Philippines se sont engagées à réduire, de manière très ambitieuse, 70 % de leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, tout en continuant pourtant à construire des centrales à charbon, afin de répondre aux besoins d’une économie en forte croissance. L’Eglise a, de son côté, mis en place un bureau, au sein de l’archidiocèse de la capitale, dédié à l’environnement ; et elle n’hésite pas prendre part aux manifestations populaires contre les énergies fossiles. En avril 2016, l’archevêque catholique de Lipa, Mgr Ramon Arguelles, est ainsi devenu, en quelques semaines, l’un des visages de la « croisade anti-charbon ». (eda/pm)
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(Source: Eglises d'Asie, le 21 juin 2017)