Les fêtes de Noël et de Pâques sont une, bonne occasion pour juger de la situation religieuse dans les régions habitées par les ethnies minoritaires dont les activités religieuses sont soumises au contrôle tout particulier du pouvoir. Cette année, au lendemain de Pâques, Radio Free Asia a recueilli, sur les Hauts plateaux du centre, les confidences de deux témoins privilégiés, une religieuse et un prêtre (1). L’un et l’autre parlent d’une certaine amélioration de la situation, ce qui contraste avec les nouvelles diffusées sur Internet, concernant la communauté chrétienne de Son La, dans la région montagneuse du nord-ouest du pays (2).

Selon les déclarations d’une religieuse montagnarde, dans le diocèse de Kontum, les églises ne manquent pas. Elles sont même relativement nombreuses. Mais, toutes ne sont pas autorisées par les autorités civiles à accueillir les fidèles pour les fêtes de Pâques. Les prêtres voulant célébrer ces fêtes dans un quelconque lieu de culte sont obligés de solliciter l’autorisation du pouvoir local qui l’accorde ou la refuse. Les rares églises qui reçoivent cette autorisation sont alors envahies par une foule de catholiques montagnards venus en masse après avoir parcouru quelquefois une centaine de kilomètres et campant auprès du lieu de culte quelques jours avant la fête.

Un prêtre qui a exercé son ministère sur les hauts plateaux lors des récentes fêtes de Pâques a déclaré que, cette année, les autorités civiles ont été un peu plus généreuses et ouvertes que les années précédentes. Certains lieux de culte situés aux frontières du Laos et du Cambodge ou dans des régions jugées peu sûres étaient jusqu’ici interdits aux prêtres. Parmi les lieux inaccessibles aux prêtres se trouvaient les villages dits « révolutionnaires ». Ils s’étaient rangés du côté de la Révolution bien avant 1975 et ont été, de ce fait, soumis à des contraintes idéologiques plus sévères. Cette année des ministres du culte ont pu se rendre plus facilement dans ce type de village, dans les districts de Dac Ha de Dac Tô, par exemple.

Selon le prêtre la raison de ce changement d’attitude des autorités tient au fait qu’elles redoutaient les immenses rassemblements de montagnards autour de la cathédrale de Kontum lors des grandes fêtes et les troubles qu’ils auraient pu engendrer. Pour les éviter, le pouvoir s’est résolu à autoriser les cérémonies de Pâques dans un certain nombre de lieux de culte de la province. Lors des cinq années précédentes, il y avait une église ouverte pour six districts. Désormais, chacun d’entre eux en possède une et quatre prêtres y travaillent à plein temps.

Cependant beaucoup d’églises sont restées fermées. Selon le prêtre, en plus des raisons citées plus haut, il existe un motif très fréquent poussant les autorités à interdire les cérémonies religieuses dans certains lieux: les conflits quelquefois très vifs existant entre la population et le pouvoir local à propos d’expropriations de terrain. Ces conflits existent partout, ajoute le prêtre, et non seulement sur les Hauts plateaux.

Par ailleurs, le prêtre a parlé de la suspicion et de la discrimination dans lesquels étaient tenus les croyants par le pouvoir local. Lorsque les fidèles montagnards, après avoir participé aux fêtes de Pâques dans un lieu de culte autorisé, revenaient dans leur village, ils ont souvent été l’objet de représailles, soumis à des amendes pour s’être absenté sans permission. Selon le prêtre; cette animosité des autorités contre les croyants a perdu aujourd’hui de sa gravité.

(1) Radio free Asia, émission en vietnamien du 14 avril 2009.
(2) VietCatholic News, Voir la dépêche EDA suivante.

(Source: Eglises d'Asie, 17 avril 2009)