CHINE: A Hongkong, l’engagement du cardinal Zen en faveur du « référendum pour la démocratie » du 16 mai n’a pas convaincu tous les catholiques
Eglises d’Asie, 18 mai 2010 – Revenu spécialement de Rome pour l’occasion, le cardinal Joseph Zen Ze-kiun, évêque émérite du diocèse catholique de Hongkong, a voté le dimanche 16 mai. « Ce n’était pas une simple élection, a-t-il déclaré à l’agence Ucanews. Il s’agissait de voter pour un concept. »
Dans un territoire qui compte 3,3 millions de personnes inscrites sur les listes électorales et 353 000 catholiques, aucun chiffre ne permet pas de connaître la proportion des catholiques qui se sont déplacés pour aller voter ce dimanche 16 mai. Toutefois, différents témoignages indiquent que la communauté catholique de Hongkong, si elle a compris la mobilisation du cardinal Zen pour la cause du suffrage universel, n’était pas forcément prête à le suivre en bloc sur le chemin qui mène à l’isoloir.
Les élections partielles qui ont eu lieu à Hongkong ce 16 mai avaient pour objet l’élection de cinq des députés du Legco (Legislative Council), l’instance représentative qui tient lieu de Parlement à Hongkong. Le 26 janvier dernier, cinq députés du camp démocrate avaient démissionné pour protester contre la mauvaise volonté manifestée par Pékin et le chef de l’exécutif local, Donald Tsang Yam-kuen, à instaurer le suffrage universel, dont le principe est inscrit dans la Loi fondamentale mais dont les modalités d’application ne sont pas précisées. Le camp démocrate avait fait de la réélection de ses cinq députés « un référendum pour la démocratie », tandis que Pékin et Donald Tsang dénonçaient une manœuvre dépourvue de toute légitimité. Au sein même du camp démocrate, des voix s’étaient élevées pour critiquer la démission des cinq députés.
Pour sa part, fidèle à sa ligne de conduite en faveur de l’établissement d’une démocratie pleine et entière à Hongkong, le cardinal Zen avait mis son poids dans la balance en achetant, le 3 février 2010, une pleine page de publicité dans plusieurs grands quotidiens du territoire pour appeler les citoyens hongkongais à voter le 16 mai (2).
Au lendemain du vote, l’élection partielle est analysée comme un demi-succès ou un demi-échec, selon les points de vue. Demi-succès, car les cinq députés qui avaient mis leur siège en jeu – un pour chaque district de la Région administrative spéciale de Hongkong – ont été réélus, et demi-échec, car, là ou les démocrates espéraient un minimum de 25 % de participation, celui-ci n’a été que de 17 %, 579 000 électeurs seulement s’étant mobilisés. Les pro-Pékin n’ont pas manqué de qualifier le scrutin d’échec pour les démocrates et d’en conclure que les Hongkongais approuvaient une transition graduelle vers la démocratie. Avant le vote, les pro-Pékin avaient fait campagne pour le boycott de ces élections et, le 16 mai, Donald Tsang lui-même s’est abstenu d’aller voter.
Interrogé sur l’abstention manifestée par Donald Tsang, dont, par ailleurs, la foi catholique est connue, le cardinal Zen a refusé de s’exprimer, se contentant de dire que chacun était libre d’agir selon sa conscience. Il a toutefois réitéré sa conviction qu’en l’absence de toute procédure référendaire à Hongkong, il était pour lui « très précieux » de pouvoir exercer son droit de vote à chaque fois que l’occasion s’en présentait.
Donald Tsang ayant déclaré au South China Morning Post que « parmi la majorité d’électeurs qui n’[avaient] pas pris part au scrutin, beaucoup pens[aient] que cette élection partielle n’était pas nécessaire, représentait un abus de la procédure électorale et même un gâchis de l’argent du contribuable », le P. Lawrence Lee, chancelier du diocèse de Hongkong, a rétorqué que le supposé mauvais usage des impôts était un argument irrecevable. Dès lors qu’une élection vise à améliorer le fonctionnement du système politique, elle est légitime, a-t-il déclaré, ajoutant que le scrutin du 16 mai reflétait une demande populaire pour la réforme du mode de sélection des députés du Legco (3).
Parmi les membres du clergé catholique et les laïcs les plus engagés dans la vie politique et sociale, il semble que l’appel du cardinal Zen à aller voter ait été entendu. En revanche, parmi les catholiques « de base », les avis paraissent avoir été plus partagés, même si aucun sondage au sortir des isoloirs ne permet de chiffrer ces divergences. Interrogée par Ucanews, une catholique, travailleur social, a expliqué s’être déplacée pour aller voter le 16 mai, accomplissant ainsi son devoir citoyen et suivant en cela la doctrine sociale de l’Eglise; elle a aussi précisé avoir glissé un bulletin nul dans l’urne car, si elle souhaite le suffrage universel, elle n’est pas d’accord avec la manière dont les cinq députés démissionnaires et réélus ont agi afin de pousser l’avancement de leur cause.
(1) Ucanews, 17 mai 2010.
(2) Voir EDA 525
(3) A l’heure actuelle, les 60 députés du Legco sont, pour moitié, élus au suffrage universel direct et, pour moitié, élus par des collèges professionnels où les pro-Pékin dominent. Depuis 1991, les élections ont, de manière constante, apporté 60 % des suffrages aux démocrates
Eglises d’Asie, 18 mai 2010 – Revenu spécialement de Rome pour l’occasion, le cardinal Joseph Zen Ze-kiun, évêque émérite du diocèse catholique de Hongkong, a voté le dimanche 16 mai. « Ce n’était pas une simple élection, a-t-il déclaré à l’agence Ucanews. Il s’agissait de voter pour un concept. »
Dans un territoire qui compte 3,3 millions de personnes inscrites sur les listes électorales et 353 000 catholiques, aucun chiffre ne permet pas de connaître la proportion des catholiques qui se sont déplacés pour aller voter ce dimanche 16 mai. Toutefois, différents témoignages indiquent que la communauté catholique de Hongkong, si elle a compris la mobilisation du cardinal Zen pour la cause du suffrage universel, n’était pas forcément prête à le suivre en bloc sur le chemin qui mène à l’isoloir.
Les élections partielles qui ont eu lieu à Hongkong ce 16 mai avaient pour objet l’élection de cinq des députés du Legco (Legislative Council), l’instance représentative qui tient lieu de Parlement à Hongkong. Le 26 janvier dernier, cinq députés du camp démocrate avaient démissionné pour protester contre la mauvaise volonté manifestée par Pékin et le chef de l’exécutif local, Donald Tsang Yam-kuen, à instaurer le suffrage universel, dont le principe est inscrit dans la Loi fondamentale mais dont les modalités d’application ne sont pas précisées. Le camp démocrate avait fait de la réélection de ses cinq députés « un référendum pour la démocratie », tandis que Pékin et Donald Tsang dénonçaient une manœuvre dépourvue de toute légitimité. Au sein même du camp démocrate, des voix s’étaient élevées pour critiquer la démission des cinq députés.
Pour sa part, fidèle à sa ligne de conduite en faveur de l’établissement d’une démocratie pleine et entière à Hongkong, le cardinal Zen avait mis son poids dans la balance en achetant, le 3 février 2010, une pleine page de publicité dans plusieurs grands quotidiens du territoire pour appeler les citoyens hongkongais à voter le 16 mai (2).
Au lendemain du vote, l’élection partielle est analysée comme un demi-succès ou un demi-échec, selon les points de vue. Demi-succès, car les cinq députés qui avaient mis leur siège en jeu – un pour chaque district de la Région administrative spéciale de Hongkong – ont été réélus, et demi-échec, car, là ou les démocrates espéraient un minimum de 25 % de participation, celui-ci n’a été que de 17 %, 579 000 électeurs seulement s’étant mobilisés. Les pro-Pékin n’ont pas manqué de qualifier le scrutin d’échec pour les démocrates et d’en conclure que les Hongkongais approuvaient une transition graduelle vers la démocratie. Avant le vote, les pro-Pékin avaient fait campagne pour le boycott de ces élections et, le 16 mai, Donald Tsang lui-même s’est abstenu d’aller voter.
Interrogé sur l’abstention manifestée par Donald Tsang, dont, par ailleurs, la foi catholique est connue, le cardinal Zen a refusé de s’exprimer, se contentant de dire que chacun était libre d’agir selon sa conscience. Il a toutefois réitéré sa conviction qu’en l’absence de toute procédure référendaire à Hongkong, il était pour lui « très précieux » de pouvoir exercer son droit de vote à chaque fois que l’occasion s’en présentait.
Donald Tsang ayant déclaré au South China Morning Post que « parmi la majorité d’électeurs qui n’[avaient] pas pris part au scrutin, beaucoup pens[aient] que cette élection partielle n’était pas nécessaire, représentait un abus de la procédure électorale et même un gâchis de l’argent du contribuable », le P. Lawrence Lee, chancelier du diocèse de Hongkong, a rétorqué que le supposé mauvais usage des impôts était un argument irrecevable. Dès lors qu’une élection vise à améliorer le fonctionnement du système politique, elle est légitime, a-t-il déclaré, ajoutant que le scrutin du 16 mai reflétait une demande populaire pour la réforme du mode de sélection des députés du Legco (3).
Parmi les membres du clergé catholique et les laïcs les plus engagés dans la vie politique et sociale, il semble que l’appel du cardinal Zen à aller voter ait été entendu. En revanche, parmi les catholiques « de base », les avis paraissent avoir été plus partagés, même si aucun sondage au sortir des isoloirs ne permet de chiffrer ces divergences. Interrogée par Ucanews, une catholique, travailleur social, a expliqué s’être déplacée pour aller voter le 16 mai, accomplissant ainsi son devoir citoyen et suivant en cela la doctrine sociale de l’Eglise; elle a aussi précisé avoir glissé un bulletin nul dans l’urne car, si elle souhaite le suffrage universel, elle n’est pas d’accord avec la manière dont les cinq députés démissionnaires et réélus ont agi afin de pousser l’avancement de leur cause.
(1) Ucanews, 17 mai 2010.
(2) Voir EDA 525
(3) A l’heure actuelle, les 60 députés du Legco sont, pour moitié, élus au suffrage universel direct et, pour moitié, élus par des collèges professionnels où les pro-Pékin dominent. Depuis 1991, les élections ont, de manière constante, apporté 60 % des suffrages aux démocrates