Depuis la très grave pollution maritime engendrée par des substances toxiques rejetées en mer par un complexe industriel, le mouvement de protestation qui anime les milieux catholiques de la population côtière du Centre-Vietnam ne cesse de s’amplifier. Le 26 septembre dernier, des centaines de pêcheurs rassemblés par une paroisse catholique ont organisé, non sans mal, un voyage jusqu’au Tribunal populaire de Ky Anh pour y déposer des plaintes contre l’usine polluante. Le lendemain, 27 septembre, les autorités judiciaires faisaient savoir que les plaintes (entre 500 et 600) avaient été enregistrées et seraient transmises à un tribunal de grande instance.
Dans la matinée du 26 septembre, sur le coup de 5 heures du matin, ils étaient environ 600 pêcheurs du district de Quynh Luu (province du Nghê An) à se préparer pour se rendre ensemble au tribunal de Ky Anh, situé dans la province voisine de Ha Tinh, province où se trouve le complexe sidérurgique de l’entreprise à capitaux taïwanais Formosa, responsable de la catastrophe écologique du mois d’avril dernier. Les manifestants avaient l’intention de déposer des plaintes individuelles contre l’usine. La législation vietnamienne ne permettant pas de présenter des plaintes en nom collectif, chacun des membres du groupe a dû rédiger et remettre au tribunal une plainte particulière, en s’appuyant cependant sur un modèle élaboré par des avocats spécialisés. Les plaintes exigent l’indemnisation adéquate des dégâts causés aux pêcheurs et à la population côtière ainsi que l’expulsion hors du Vietnam du complexe industriel d’origine taïwanaise Formosa.
Des plaintes déposées ‘au nom du peuple’
Pour le voyage vers le tribunal de Ky Anh, la paroisse de Quynh Luu avait loué une vingtaine de voitures. Mise au courant des intentions du groupe de manifestants, la police s’est employée, par des menaces et diverses pressions, à dissuader les conducteurs des voitures pressentis de répondre à la demande des protestataires. Seules onze des vingt voitures commandées étaient au rendez-vous. L’ensemble du groupe a cependant pu se rendre jusqu’au tribunal de Ky Anh grâce aux autobus locaux et à des moyens de transport privés.
La paroisse catholique qui patronnait cette manifestation avait essayé de donner à ce déplacement collectif des catholiques une portée dépassant les intérêts particuliers des personnes lésées par la pollution. Le même jour, le P. Antoine Dang Huu Nam, curé de la paroisse de Phu Yên et représentant de la communauté pêcheurs la région, confiait à la BBC : « Notre population porte plainte contre l’usine Formosa non pas seulement pour défendre ses propres intérêts individuels, mais ‘au nom de peuple’. Il aurait suffi d’une seule personne malade à cause de la pollution maritime pour que cette catastrophe soit considérée comme un mal touchant l’humanité dans sa globalité. »
Pas d’autre choix que d’aller en justice
Dès le lendemain de la manifestation, le 27 septembre 2016, le Tribunal populaire de Ky Anh a fait savoir officiellement qu’il recevait 506 des plaintes déposées la veille par les familles de pêcheurs. Chacune d’entre elles mettait en avant deux revendications particulières : la volonté d’obtenir une indemnisation juste et le souhait partagé par tous de voir les responsables de la pollution expulsés du Vietnam. Le tribunal a certifié que d’ici trente jours, les plaintes seraient enregistrées et transmises à un tribunal d’instance supérieure.
En guise de conclusion, le curé de Phu Yên a cependant fait remarquer que s’il existait davantage de démocratie dans le pays, ce n’est pas la population qui aurait dû porter plainte mais l’Etat. Il a ajouté que la solution juridique n’avait pas été le premier choix envisagé par les victimes dans leur lutte pour la justice, mais qu’elle était la seule solution qui leur restait.
Selon un communiqué récent, publié à l’issue d’une enquête sur le sujet menée par le gouvernement vietnamien, la pollution provoquée par l’usine Formosa aurait eu des conséquences directes sur plus de 100 000 personnes, chiffre qui a été aussitôt controversé de nombreux côtés. (eda/jm)
(Source: Eglises d'Asie, le 29 septembre 2016)
Dans la matinée du 26 septembre, sur le coup de 5 heures du matin, ils étaient environ 600 pêcheurs du district de Quynh Luu (province du Nghê An) à se préparer pour se rendre ensemble au tribunal de Ky Anh, situé dans la province voisine de Ha Tinh, province où se trouve le complexe sidérurgique de l’entreprise à capitaux taïwanais Formosa, responsable de la catastrophe écologique du mois d’avril dernier. Les manifestants avaient l’intention de déposer des plaintes individuelles contre l’usine. La législation vietnamienne ne permettant pas de présenter des plaintes en nom collectif, chacun des membres du groupe a dû rédiger et remettre au tribunal une plainte particulière, en s’appuyant cependant sur un modèle élaboré par des avocats spécialisés. Les plaintes exigent l’indemnisation adéquate des dégâts causés aux pêcheurs et à la population côtière ainsi que l’expulsion hors du Vietnam du complexe industriel d’origine taïwanaise Formosa.
Des plaintes déposées ‘au nom du peuple’
Pour le voyage vers le tribunal de Ky Anh, la paroisse de Quynh Luu avait loué une vingtaine de voitures. Mise au courant des intentions du groupe de manifestants, la police s’est employée, par des menaces et diverses pressions, à dissuader les conducteurs des voitures pressentis de répondre à la demande des protestataires. Seules onze des vingt voitures commandées étaient au rendez-vous. L’ensemble du groupe a cependant pu se rendre jusqu’au tribunal de Ky Anh grâce aux autobus locaux et à des moyens de transport privés.
La paroisse catholique qui patronnait cette manifestation avait essayé de donner à ce déplacement collectif des catholiques une portée dépassant les intérêts particuliers des personnes lésées par la pollution. Le même jour, le P. Antoine Dang Huu Nam, curé de la paroisse de Phu Yên et représentant de la communauté pêcheurs la région, confiait à la BBC : « Notre population porte plainte contre l’usine Formosa non pas seulement pour défendre ses propres intérêts individuels, mais ‘au nom de peuple’. Il aurait suffi d’une seule personne malade à cause de la pollution maritime pour que cette catastrophe soit considérée comme un mal touchant l’humanité dans sa globalité. »
Pas d’autre choix que d’aller en justice
Dès le lendemain de la manifestation, le 27 septembre 2016, le Tribunal populaire de Ky Anh a fait savoir officiellement qu’il recevait 506 des plaintes déposées la veille par les familles de pêcheurs. Chacune d’entre elles mettait en avant deux revendications particulières : la volonté d’obtenir une indemnisation juste et le souhait partagé par tous de voir les responsables de la pollution expulsés du Vietnam. Le tribunal a certifié que d’ici trente jours, les plaintes seraient enregistrées et transmises à un tribunal d’instance supérieure.
En guise de conclusion, le curé de Phu Yên a cependant fait remarquer que s’il existait davantage de démocratie dans le pays, ce n’est pas la population qui aurait dû porter plainte mais l’Etat. Il a ajouté que la solution juridique n’avait pas été le premier choix envisagé par les victimes dans leur lutte pour la justice, mais qu’elle était la seule solution qui leur restait.
Selon un communiqué récent, publié à l’issue d’une enquête sur le sujet menée par le gouvernement vietnamien, la pollution provoquée par l’usine Formosa aurait eu des conséquences directes sur plus de 100 000 personnes, chiffre qui a été aussitôt controversé de nombreux côtés. (eda/jm)
(Source: Eglises d'Asie, le 29 septembre 2016)