Plus de 1 200 personnes ont désormais signé la lettre ouverte au président chinois Xi Jinping, en faveur de la « protection des droits de l’homme », rapporte The Sunday Examiner, depuis Hongkong, le 8 mars dernier.
Ce document, publié le 4 février 2014 et intitulé « La stabilité s’établit sur la protection des droits », émane d'un dissident bien connu, Qin Yongmin, qui renouvelle régulièrement ses appels pour l'instauration de principes démocratiques en Chine.
Résidant à Wuhan, dans le Hubei, Qin Yongmin, 57 ans, n’en est pas à sa première lettre ouverte au président chinois. Dans cette septième tentative, le militant, qui a passé plus de 20 ans de sa vie en prison pour sa lutte en faveur des droits de l’homme, critique la politique répressive de Pékin qui, selon lui, « s’est encore accentuée depuis 2012 ».
Qin Yongmin a lui-même a été brièvement détenu en décembre dernier alors qu’il planifiait de se rendre à Pékin afin de faire enregistrer auprès du ministère des Affaires civiles le groupe qu'il venait de fonder; China Human Rights Watch (1).
Le dissident avait déjà été condamné à huit ans de prison pour « propagande contre-révolutionnaire et subversion » (de 1981 à 1989) et à deux ans de camp de « rééducation par le travail » en 1993, après avoir écrit un document intitulé « Peace Charter ».
En 1998, devenu rédacteur en chef de la China Human Rights Observer Newsletter, il a été de nouveau emprisonné pour avoir fondé le China Democracy Party (CDP), un groupe indépendant réclamant une amélioration des droits de l’Homme, avec Wang Youcai et Xu Wenli. Qin Yongmin, qui avait tenté, en vain, de faire enregistrer son parti, avait fini par être arrêté pour « menaces contre la sécurité de l’Etat » et condamné, cette fois, à douze ans de prison (2).
Dans sa dernière Lettre ouverte à Xi Jinping, le dissident récidive en soumettant au gouvernement chinois cinq recommandations. En premier lieu, qu’il soit permis aux organisations de défense des droits de l’homme d’être enregistrées officiellement. Ensuite, que ces dernières puissent collaborer avec le gouvernement, ce qui ne pourra se faire que par la création d’un ministère des Droits de l’homme, ayant pour but de garantir les droits démocratiques comme la liberté d’expression et d’opinion, la liberté de la presse, ou encore le droit de rassemblement et de manifestation. Et enfin, que des mesures sévères soient prises par les autorités concernant les violations des droits de l’homme.
A ce titre, la Lettre se félicite de la sanction prise par le Parti à l’encontre du membre du Politburo et chef de la Sécurité publique, Zhou Yongkang, auquel Qin Yongmin attribue la plus grande part des responsabilités dans le durcissement du régime et la répression de toute dissidence.
La recrudescence des cas d’arrestations de simples citoyens au titre de « la sécurité de l’Etat », ou pour avoir « simplement exercé leur droit à la liberté d’expression », a été particulièrement visible ces deux dernières années, affirmait fin février le militant sur le site Human Rights in China.
Un avis partagé par les nombreux avocats spécialistes des droits de l’homme qui sont signataires de la Lettre, comme Li Xiangyang, qui exerce au Shandong. Citant un grand nombre d’emprisonnements, d’arrestations abusives et même de « suicides » ou disparitions inexpliquées, ce dernier décrit l’année 2013 comme ayant été « la pire de toutes ».
Quant à Jiang Tianyong, avocat à Pékin, il a rappelé sur les ondes de Radio Free Asia en mandarin le 31 décembre dernier que « si 2013 avait été, en comparaison des années passées, l’année au cours de laquelle on avait vu le plus de débats publics sur la Constitution (...) , elle avait été également une année de totale régression dans ce même domaine, ce qui était particulièrement inquiétant ».
La même constatation avait été déjà faite en septembre dernier par la Commission ‘Justice et Paix’ du diocèse catholique de Hongkong. Pour la première fois, la commission avait déposé une plainte devant les Nations Unies concernant « les violations des droits de l’homme et de la liberté religieuse » à l'encontre de l’Eglise catholique en Chine populaire, du fait du durcissement de la politique du gouvernement chinois.
Signalant « une aggravation des atteintes aux droits de l’homme en général » sur le continent chinois, la Commission ‘Justice et Paix’ de Hongkong avait détaillé lesdites violations, au regard des textes de référence que sont la Déclaration universelle des droits de l’homme et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques.
Sur la base de ces différentes constatations, attestant de l’augmentation de la politique répressive de Pékin dans tous les domaines de la vie citoyenne, Qin Yongmin à la fin de sa Lettre appelle à « une campagne coup de poing » contre les violations des droits de l’homme, même s’il admet être sans grande illusion concernant l’effet de son admonestation sur la politique gouvernementale. « Nous sommes sous un régime dictatorial (...) et n’avons aucun moyen de protester à part celui-ci ... », expliquait-il encore sur le site de la Tibetan Review le 7 février dernier.
Comme tous les autres signataires qui ont choisi de braver les représailles certaines du régime communiste, il sait que cette septième Lettre risque de n’aboutir qu’à une nouvelle arrestation suivie très probablement d'une nouvelle détention. (eda/msb)
(1) La police, qui avait suivi Qin Yongmin dès son départ de Wuhan, a demandé au militant « d’interrompre son voyage vers le Nord », une fois arrivé dans la province du Henan, ont rapporté Radio Free Asia ainsi que le site d’information tibétain Phayul. Le groupe China Human Rights Watch, dont le dissident comptait demander l'enregistrement à Pékin, aurait compté alors près d’une centaine de membres.
(2) Les deux autres co-fondateurs, Wang Youcai et Xu Wenli, ont été condamnés respectivement à 11 et 13 ans de prison. Tous les deux se sont exilés aux Etats-Unis à l’expiration de leur peine.
(Source: Eglises d'Asie, le 11 mars 2014)
Ce document, publié le 4 février 2014 et intitulé « La stabilité s’établit sur la protection des droits », émane d'un dissident bien connu, Qin Yongmin, qui renouvelle régulièrement ses appels pour l'instauration de principes démocratiques en Chine.
Résidant à Wuhan, dans le Hubei, Qin Yongmin, 57 ans, n’en est pas à sa première lettre ouverte au président chinois. Dans cette septième tentative, le militant, qui a passé plus de 20 ans de sa vie en prison pour sa lutte en faveur des droits de l’homme, critique la politique répressive de Pékin qui, selon lui, « s’est encore accentuée depuis 2012 ».
Qin Yongmin a lui-même a été brièvement détenu en décembre dernier alors qu’il planifiait de se rendre à Pékin afin de faire enregistrer auprès du ministère des Affaires civiles le groupe qu'il venait de fonder; China Human Rights Watch (1).
Le dissident avait déjà été condamné à huit ans de prison pour « propagande contre-révolutionnaire et subversion » (de 1981 à 1989) et à deux ans de camp de « rééducation par le travail » en 1993, après avoir écrit un document intitulé « Peace Charter ».
En 1998, devenu rédacteur en chef de la China Human Rights Observer Newsletter, il a été de nouveau emprisonné pour avoir fondé le China Democracy Party (CDP), un groupe indépendant réclamant une amélioration des droits de l’Homme, avec Wang Youcai et Xu Wenli. Qin Yongmin, qui avait tenté, en vain, de faire enregistrer son parti, avait fini par être arrêté pour « menaces contre la sécurité de l’Etat » et condamné, cette fois, à douze ans de prison (2).
Dans sa dernière Lettre ouverte à Xi Jinping, le dissident récidive en soumettant au gouvernement chinois cinq recommandations. En premier lieu, qu’il soit permis aux organisations de défense des droits de l’homme d’être enregistrées officiellement. Ensuite, que ces dernières puissent collaborer avec le gouvernement, ce qui ne pourra se faire que par la création d’un ministère des Droits de l’homme, ayant pour but de garantir les droits démocratiques comme la liberté d’expression et d’opinion, la liberté de la presse, ou encore le droit de rassemblement et de manifestation. Et enfin, que des mesures sévères soient prises par les autorités concernant les violations des droits de l’homme.
A ce titre, la Lettre se félicite de la sanction prise par le Parti à l’encontre du membre du Politburo et chef de la Sécurité publique, Zhou Yongkang, auquel Qin Yongmin attribue la plus grande part des responsabilités dans le durcissement du régime et la répression de toute dissidence.
La recrudescence des cas d’arrestations de simples citoyens au titre de « la sécurité de l’Etat », ou pour avoir « simplement exercé leur droit à la liberté d’expression », a été particulièrement visible ces deux dernières années, affirmait fin février le militant sur le site Human Rights in China.
Un avis partagé par les nombreux avocats spécialistes des droits de l’homme qui sont signataires de la Lettre, comme Li Xiangyang, qui exerce au Shandong. Citant un grand nombre d’emprisonnements, d’arrestations abusives et même de « suicides » ou disparitions inexpliquées, ce dernier décrit l’année 2013 comme ayant été « la pire de toutes ».
Quant à Jiang Tianyong, avocat à Pékin, il a rappelé sur les ondes de Radio Free Asia en mandarin le 31 décembre dernier que « si 2013 avait été, en comparaison des années passées, l’année au cours de laquelle on avait vu le plus de débats publics sur la Constitution (...) , elle avait été également une année de totale régression dans ce même domaine, ce qui était particulièrement inquiétant ».
La même constatation avait été déjà faite en septembre dernier par la Commission ‘Justice et Paix’ du diocèse catholique de Hongkong. Pour la première fois, la commission avait déposé une plainte devant les Nations Unies concernant « les violations des droits de l’homme et de la liberté religieuse » à l'encontre de l’Eglise catholique en Chine populaire, du fait du durcissement de la politique du gouvernement chinois.
Signalant « une aggravation des atteintes aux droits de l’homme en général » sur le continent chinois, la Commission ‘Justice et Paix’ de Hongkong avait détaillé lesdites violations, au regard des textes de référence que sont la Déclaration universelle des droits de l’homme et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques.
Sur la base de ces différentes constatations, attestant de l’augmentation de la politique répressive de Pékin dans tous les domaines de la vie citoyenne, Qin Yongmin à la fin de sa Lettre appelle à « une campagne coup de poing » contre les violations des droits de l’homme, même s’il admet être sans grande illusion concernant l’effet de son admonestation sur la politique gouvernementale. « Nous sommes sous un régime dictatorial (...) et n’avons aucun moyen de protester à part celui-ci ... », expliquait-il encore sur le site de la Tibetan Review le 7 février dernier.
Comme tous les autres signataires qui ont choisi de braver les représailles certaines du régime communiste, il sait que cette septième Lettre risque de n’aboutir qu’à une nouvelle arrestation suivie très probablement d'une nouvelle détention. (eda/msb)
(1) La police, qui avait suivi Qin Yongmin dès son départ de Wuhan, a demandé au militant « d’interrompre son voyage vers le Nord », une fois arrivé dans la province du Henan, ont rapporté Radio Free Asia ainsi que le site d’information tibétain Phayul. Le groupe China Human Rights Watch, dont le dissident comptait demander l'enregistrement à Pékin, aurait compté alors près d’une centaine de membres.
(2) Les deux autres co-fondateurs, Wang Youcai et Xu Wenli, ont été condamnés respectivement à 11 et 13 ans de prison. Tous les deux se sont exilés aux Etats-Unis à l’expiration de leur peine.
(Source: Eglises d'Asie, le 11 mars 2014)