Selon qu’ils appartiennent au groupe qui est allé chercher refuge en Thaïlande ou qu’ils sont restés sur place (1), la situation des paroissiens de Côn Dâu, village appelé à disparaître, évolue de façon totalement différente. Très précaire aux premiers temps de leur séjour en...

... Thaïlande, la situation de la quarantaine de fidèles réfugiés n’a cessé de s’améliorer grâce, sans doute, à un soutien international remarquable. Les perspectives des paroissiens encore sur les lieux sont beaucoup plus sombres. Leur départ hors du village est devenu une quasi-certitude. En outre, le 27 octobre prochain, va s’ouvrir un procès où comparaîtront six d’entre eux, arrêtés dans les jours qui ont suivi la violente confrontation d’un cortège funéraire avec les forces de police lui interdisant l’accès au cimetière paroissial, le 4 mai dernier.

Ce jour là, malgré un tout récent décret municipal interdisant d’ensevelir les morts dans ce cimetière, un important cortège funéraire avait accompagné les restes de Mme Maria Dang Thi Tan vers le cimetière où reposait déjà la dépouille de son mari. Les forces de sécurité avaient repoussé le cortège avec une particulière violence et s’étaient emparé du cercueil. Un grand nombre de participants, environ 72, avait été arrêté. Les forces de police avaient, ensuite, pris le contrôle du village et convoqué de nombreuses personnes pour des interrogatoires accompagnés de mauvais traitements qui ont été à l’origine de la mort de l’une d’entre elles.

En fin de compte, six des paroissiens arrêtés au lendemain des faits ou quelques jours plus tard ont été retenus et internés à la prison de la ville de Da Nang, pour troubles causés à l’ordre public. Leur droit à recevoir des visites a été très sévèrement restreint. Leurs interrogatoires se sont multipliés et le procès des six accusés est désormais annoncé pour le 27 octobre. La police a mené une campagne active auprès des parents et des proches des internés, les menaçant d’aggraver la condamnation des accusés si ces derniers avaient recours aux services d’un avocat. Tout récemment, on apprenait qu’à la date du 21 octobre, un groupe d’avocats ayant accepté la défense des accusés n’avait pas eu encore accès au dossier (2).

L’imminence du dénouement et la proximité du procès ont porté à son paroxysme l’anxiété de la population demeurée dans la paroisse. Le 15 octobre dernier, les parents et les proches des détenus, dans une lettre ouverte (3), ont adressé un véritable appel au secours à la présidence de la Conférence épiscopale et au responsable de la Commission ‘Justice et Paix’ créée lors de la dernière assemblée de la Conférence épiscopale (4). Le 18 octobre, les mêmes renouvelaient leur appel, cette fois-ci à l’intention de l’évêque de Da Nang, de leur curé et de l’ensemble de l’Eglise du Vietnam. Ces lettres plaident avant tout la cause des six paroissiens en prison, qui risquent d’être condamnées à de très graves peines « pour l’exemple ». Mais elles exposent aussi dans le détail l’ensemble des épisodes qui se sont succédés depuis la décision de la municipalité de Da Nang de transformer les 100 ha de terrains cultivés et bâtis de la paroisse en une nouvelle zone urbaine, dite « écologique ». Sont passées en revue les premières négociations sur ce sujet avec les pouvoirs publics, les pressions policières directes exercées sur la population à partir du mois de janvier 2010, les très graves incidents du mois de mars lors des obsèques de Maria Tân, les arrestations, les interrogatoires, les mauvais traitements qui ont suivi. Les lettres rappellent aussi que la paroisse à 130 ans d’existence et s’est toujours signalée par une fidélité sans faille à sa foi et aux pratiques religieuses quotidiennes. Le seul motif de la résistance de la population aux décisions des autorités municipales a toujours été le désir de maintenir intacts le cadre et le mode de vie transmis par ses ancêtres. Les lettres demandent la compréhension et les prières des autorités religieuses auxquelles elles s’adressent, et la communion de toute l’Eglise du Vietnam.

Les perspectives sont tout autres pour la quarantaine de paroissiens de Côn Dâu arrivés en Thaïlande il y a déjà quelques mois. La diaspora vietnamienne dans le monde, surtout aux Etats-Unis, et un certain nombre d’organisations humanitaires se sont beaucoup inquiétés à leur sujet. L’opinion publique vient d’être rassurée par les récentes déclarations d’un avocat américain d’origine vietnamienne, Me Nguyên Tam. De retour de Thaïlande où il avait été envoyé en mission pour le compte d’un certain nombre d’associations, il a déclaré que la quarantaine de réfugiés de Côn Dâu était désormais en totale sécurité. Après quelques mois de vie précaire, ils sont maintenant protégés. Ils ont été inscrits comme demandeurs d’asile par le Haut Commissariat aux réfugiés de l’ONU et ont rencontré une délégation américaine qui étudie leur demande. Leur plus grande inquiétude, a fait remarquer l’avocat, c’est le sort de leurs parents et proches restés au Vietnam (5).

(1) Voir EDA 535
(2) Radio Free Asia, 21 octobre 2010.
(3) VietCatholic News
(4) Voir EDA 537
(5) Radio Free Asia, 11 octobre 2010.

(Source: Eglises d'Asie, 22 octobre 2010)