Certains signes montrent que le calme qui règne provisoirement à Dông Chiêm n’est qu’apparent. Un nouvel incident vient de confirmer que la surveillance policière qui s’exerce sur la paroisse, depuis que le 6 janvier dernier les autorités y ont détruit une croix monumentale, n’a pas encore été levée. Le 30 janvier, un étudiant, appartenant à l’Association de Saint-Antoine-de-Padoue, qui venait de rendre visite à la paroisse et à son église, a été arrêté, arrestation suivie de celle de deux de ses camarades, plus tard, dans la soirée à Hanoi. Par ailleurs, deux rapports officiels diffusés sur Internet montrent que les autorités continuent leur enquête sur la résistance menée par les fidèles après la destruction de la croix.

Dans la matinée du 30 janvier, aux environs de 8h00 du matin, trois étudiants étaient venus rendre visite à la paroisse. Après avoir prié pendant quelque temps dans l’église, ils ont repris la route de Hanoi, où ils poursuivent leurs études. Arrivés à la hauteur d’An Tien, à environ 1 km de Dông Chiêm, ils ont rencontré des agents de la Sécurité qui se sont précipités vers eux. L’un des étudiants, Antoine Tran Van Son, s’est jeté dans le fossé, a essayé de s’échapper, mais a été finalement rattrapé. Les agents ont conduit les trois étudiants au Comité populaire d’An Tien. Après avoir examiné leurs pièces d’identité, ils ont retenu Antoine Son. On a appris plus tard que, vers 23h30, les mêmes agents avaient amené Antoine Son jusqu’à la pension où il résidait. Après perquisition et fouille des lieux, ils avaient arrêté deux autres étudiants, vivant avec lui.

Antoine Son étudie dans une école spécialisée dans les matières médicales. Lui et ses deux camarades sont originaires de la province de Ha Tinh, du diocèse de Vinh dans le centre du Vietnam. Tous trois appartiennent à l’association des catholiques originaires de Vinh résidant à Hanoi. Celle-ci a vigoureusement protesté et invité tous ses membres ainsi que les étudiants catholiques de Hanoi et l’ensemble des catholiques à venir participer à une assemblée de prière en communion avec les jeunes étudiants arrêtés. Elle aura lieu à la paroisse de Thai Ha, dans la soirée du 2 février 2010 (1).

Par ailleurs, deux rapports rédigés par les autorités locales viennent d’être mis en ligne. Ils montrent que celles-ci sont en train d’établir une liste des responsables du mouvement de protestation qui a suivi la profanation de la croix. Un premier rapport (2), émanant de la commune d’An Phu (duquel dépend la paroisse de Dông Chiêm), daté du 21 janvier, met particulièrement en cause certains laïcs, mais surtout de nombreux prêtres rédemptoristes impliqués dans le mouvement. Chacun est soigneusement cité par son nom. Le second rapport a été envoyé par le district de My Duc (duquel dépend Dông Chiêm) aux autorités de Hanoi (3). Il a pour cible directe l’archevêché de la capitale. En effet, il vise directement le P. Le Trong Cung, chancelier de l’archevêché et signataire des deux communiqués qui ont dénoncé la profanation et l’ont fait connaître à la presse et au monde. Il est accusé d’avoir déformé la vérité et d’avoir calomnié les autorités locales. Cependant, selon le rapport, la principale responsabilité du mouvement de protestation incombe à l’archevêque lui-même, Mgr Joseph Ngo Quang Kiêt. Ce serait lui qui, dès le 6 janvier, aurait mobilisé les prêtres du doyenné pour le soutien de la paroisse agressé. Ce serait également avec son accord que le chancelier de l’archevêché aurait publié ses communiqués.

(1) Les faits ont été rapportés par des communiqués de l’association des catholiques de Vinh à Hanoi, publié par VietCatholic News, le 30 janvier 2010.
(2) http://dcctvn.net/zzweb/99870dc.html
(3) http://dcctvn.net/zzweb/99871dc.html

(Source: Eglises d'Asie, 1er février 2010)