La Sécurité de l’arrondissement de Go Vâp, à Hô Chi Minh-Ville, continue de harceler l’avocat des catholiques de Thai Ha, ainsi que ses collaborateurs travaillant à son cabinet Phap Quyên de Saigon. Ce 11 mars, l’un d’eux, l’avocat Nguyên Quôc Dat, a été empêché de prendre l’avion à Tân Son Nhat et emmené de force au siège de la Sécurité de l’arrondissement. A la demande de Me Lê Trân Luât, il s’apprêtait à se rendre sur l’île de Phu Quôc, dans le sud-ouest du pays, pour y régler une affaire traitée par le cabinet. Au même moment, des convocations différentes appelaient Me Luat et son assistante, Mme Ta Phong Tân, pour interrogatoire (« séance de travail ») dans ces mêmes locaux. Le cabinet d’avocats est donc resté vide. Le 3 mars, une opération similaire avait empêché Me Luat de prendre l’avion pour Hanoi afin de défendre ses clients (1).

Lors d’un des rendez-vous précédents avec la Sécurité, un haut responsable s’était exprimé sans fard: le défenseur des catholiques de Hanoi ne devait plus se rendre à la capitale pour y assister ses clients, condamnés le 8 décembre dernier par un tribunal de première instance et auteurs d’une plainte contre les médias officiels pour information erronée. A l’avocat qui répliquait qu’il faudrait bien qu’il se rende à Hanoi le jour du procès en appel de ses clients puisqu’il était reconnu officiellement comme leur avocat, l’officier de police a déclaré que, ce jour-là, la police ne ferait pas obstacle à son départ. Mais, en attendant, il devrait s’abstenir de tout voyage à la capitale.

Le site Internet de la paroisse de Thai Ha, qui a mis en ligne cette information (2), souligne que c’est la première fois que la police vietnamienne intervient ainsi dans les affaires d’un cabinet d’avocat. En tout cas, cette série d’actions policières (perquisition policière du cabinet le 27 février, arrestation de Me Luât à l’aéroport le 3 mars) a provoqué une grande émotion dans les milieux catholiques du Vietnam du Nord et particulièrement dans la paroisse de Thai Ha. Les témoignages de soutien et de sympathie se sont multipliés. Un prêtre de la paroisse a déclaré: « L’ensemble de paroissiens s’est irrité et a été scandalisé par les violations de la loi commise par les autorités. L’avocat était en chemin pour venir nous porter assistance. Il en a été empêché par les autorités qui ne le voulaient pas. Elles ont violé la loi et méprisé la justice par crainte de la vérité. »

Le 7 mars, l’église de Notre-Dame du Perpétuel secours à Thai Ha était bondée de fidèles lors des deux séances de prière organisées, l’une dans l’après-midi, l’autre dans la soirée, aux intentions de l’avocat et de ses collaborateurs. Le P. Nguyên Van Khai, qui présidait la veillée aux flambeaux du 7 mars, a ainsi présenté les intentions de prière: « Nous avons le devoir de prier pour lui car il a assisté les fidèles de notre paroisse. Ainsi, lorsqu’il est détenu provisoirement par les forces de l’ordre et qu’il subit des représailles, il nous est impossible de garder le silence ! » (3).

(1) Voir dépêche diffusée le 3 mars 2009.
(2) Ces informations ont été mises en ligne le 11 mars 2009 sur le site de la paroisse de Thai Ha.
(3) Cette déclaration ainsi que celles qui suivent ont été recueillies par Radio Free Asia, émissions en vietnamien, le 10 mars 2009.

(Source: Eglises d'Asie, 11 mars 2009)