HANOI - Deux catholiques vietnamiennes, condamnées à de la prison avec sursis pour trouble à l'ordre public et dégradation de propriété, ont porté plainte contre des médias officiels, contestant la couverture de leur procès, a indiqué leur avocat lundi.

Huit catholiques, âgés de 21 à 63 ans, avaient comparu le 8 décembre à Hanoï. On leur reprochait des activités religieuses illégales, dans des manifestations hors des lieux de culte, et la destruction d'un mur sur un terrain que se disputent l'église et le régime communiste.

Ils avaient reconnu leur participation aux rassemblements mais affirmé avoir voulu défendre la propriété de l'église. Sept avaient écopé de peines de prison avec sursis, le huitième d'un avertissement.

Dans une rare initiative, deux d'entre eux, deux femmes, ont déposé plainte la semaine dernière contre le quotidien Hanoi Moi et la chaîne publique de télévision VTV1. Elles reprochent aux médias de leur avoir fait reconnaître avoir violé la loi, a expliqué Me Le Tran Luat.

Nguyen Thi Viet et Ngo Thi Dung estiment ne pas avoir "commis de délit en faisant des prières simplement pour la justice et la paix", a-t-il poursuivi. "Pendant tous le temps de l'enquête et du procès, elles ont seulement reconnu avoir cassé un mur illégalement construit sur la terre de l'Eglise".

Elles demandent "des corrections officielles" dans ces médias, a-t-il ajouté.

Précédemment, les huit catholiques avaient déjà tous fait appel du verdict de première instance, intervenu après des mois de tensions avec le régime.

Il y a un an, les catholiques amorçaient des manifestations sur le terrain de l'ex-ambassade du Vatican à Hanoï, l'un des sites les plus symboliques dont ils contestent la saisie par les communistes après le départ des Français en 1954.

Ces rassemblements s'étaient multipliés et étendus à un autre site, celui de Thai Ha où le mur avait été détruit et où les catholiques ont accusé la police d'agressions avec des matraques électriques -- version contestée par Hanoï.

L'Eglise catholique vietnamienne compte la communauté la plus importante d'Asie du Sud-Est après celle des Philippines -- quelque six millions de fidèles sur 86 millions d'habitants.

Comme les autres religions, elle reste soumise au contrôle du régime. Mais elle conserve des revendications, dont la restitution de terrains.

La semaine dernière, selon l'Agence vietnamienne d'information (officielle), le Premier ministre, Nguyen Tan Dung, a demandé aux autorités locales de "résoudre rapidement" les cas litigieux liés à ces terres, en "assurant l'harmonisation des intérêts nationaux et religieux".

Mais il a mis en garde les catholiques contre "toute tentative d'utiliser la question de la terre pour inciter au désordre public, nuire à la grande unité nationale et violer les lois".

Le Vietnam et le Vatican n'ont plus de relations diplomatiques. Nguyen Tan Dung a toutefois effectué une visite historique au Saint-Siège en 2007.

(http://www.romandie.com/infos/news2/090112072643.ijjqeoj5.asp ©AFP / 12 janvier 2009 08h26)