SON EMINENCE CARDINAL FRANÇOIS-XAVIER NGUYỄN VĂN THUẬN
Président du Conseil Pontifical pour la Justice et la Paix

Le Cardinal François-Xavier Nguyễn Văn Thuân est né Phú Cam, dans le diocèse de Huế, province de Thừa Thiên, au Việt Nam, le 17 avril 1928. Sa famille comprend huit enfants: trois fils et cinq filles, dont il est l’ainé. Son père est M. Nguyễn Văn Ấm, décédé le 1 juillet 1993 à Sydney (Australie), et sa mère est Mme Elisabeth Ngô Đình Thị Hiệp. Cette dernière est la fille de M. Ngô Đình Khả. Sa mère vit maintenant à Sydney, en Australie, avec sa fille Anne Hàm Tiếu, et elle a célébré son centième anniversaire l’année dernière.

Le cardinal François-Xavier Nguyễn Văn Thuận appartient à une famille d’ancienne tradition catholique, dont les ancêtres ont subi la persécution à partir de l’année 1698.

Dès son enfance, François-Xavier fut éduqué, dans une famille pieuse, par sa mère Elisabeth, qui fit preuve d’une conduite exemplaire. Il reçut une formation religieuse dès sa plus tendre enfance: chaque soir sa mère lui racontait des histoires bibliques, la vie des saints martyrs vietnamiens, surtout celle de ses ancêtres; elle lui faisait connaitre sainte Thérèse de l’Enfant Jésus; elle lui apprenait à aimer son prochain quel qu’il soit, et à pardonner à tous sans distinction. Elle lui enseignait aussi l’amour envers sa patrie, le Việt Nam.

Il était encore jeune quand il entra au petit séminaire de An Ninh, puis il poursuivit ses études au grand séminaire de Kim Long, dans le diocse de Hu. Il fut ordonné prêtre le 11 juin 1953. Après son ordination sacerdotale, il exerça son ministère pastoral comme vicaire à la paroisse de San François Xavier, Hue, avec Pre Darbon (père Triết), aumonier de la prison et aumonier du Collège Binh Minh des Frères des Ecoles chrétiennes. En 1956, il fut envoyé à Rome, de 1956 à 1959, pour étudier le droit canonique à l’Université Pontificale Urbanienne, qui dépend de la Congrégation Propaganda Fide. Il obtint le titre de docteur en droit canonique avec la mention “maxima cum laude”, pour la soutenance de la thèse intitulé: “L’aumônerie militaire selon le droit canon”. Pendant son séjour à Rome, il eut l’occasion de pouvoir accompagner son oncle maternel, Son Excellence Mgr Pierre Marie Ngô Đình Thục, alors évêque de Vĩnh Long, à une audience accordée par le Pape Pie XII.

À son retour au Việt Nam, il fut nommé professeur, puis en 1962, recteur du petit séminaire de Hoan Thiện, de 1959 à 1967; ensuite, il devint vicaire général du diocèse de Huế, de 1964 à 1967.

Le 13 avril 1967, l’abbé Thuạn fut nommé premier évêque vietnamien du diocèse de Nha Trang; Il était le successeur de Son Excellence Mgr Paul Raymond Piquet (M.E.P.). Ce dernier avait été évêque de Nha Trang de 1957 à 1967. L’ordination épiscopale eut lieu le 24 juin 1967, en la solennité de la Nativité de Saint Jean-Baptiste; Son Excellence Mgr Angelo Palmas, Délégué apostolique pour le Việt Nam, Laos et Cambodge était le consécrateur principal. Son Excellence Mgr. Thuận choisit la devise: “Gaudium et Spes” (Vui Mừng và Hy Vọng), qui est le titre de la Constitution pastorale du Concile Vatican II.

Le 10 juillet 1967, Mgr François-Xavier Nguyễn Văn Thuận prit possession du diocèse de Nha Trang. Pendant huit ans comme évêque, il chercha à développer le diocèse en faisant preuve d’un grand dynamisme, avant que ne survienne le temps des épreuves (cf. son livre Cinq pains et 2 poissons).

Son activité pastorale fut centrée sur la formation des cadres du diocèse: grâce à lui, le nombre des grands séminaristes passa de 42 à 147, et celui des petis séminaristes de 200 à 500; ils étaient regroupés dans quatre “centres - séminaires”; il organisa des sessions de formation destinées aux prêtres de six diocèses, qui font partie de six provinces différentes du centre du Việt Nam; il contribua aussi au développement et à la formation de divers mouvements ecclésiaux regroupant des jeunes, des laics, des cadres des paroisses, et il favorisa l’essor des groupes pastoraux. La formation se faisait en recourant aux méthodes prônées par des mouvements aussi divers que “Justice et Paix”, les Cursillos, les Focolari, ou le scoutisme. Enfin, il fonda deux communautés: celle de La Vang et celle de Hy Vong.

Dans le but de stimuler la vie spirituelle du diocèse, dont il était chargé, Mgr. Nguyễn Văn Thuận a publié six lettres pastorales:

Veiller et prier (1968)
Être forts dans la foi, Avancer dans la paix (1969)
Justice et Paix (1970)
La mission du Christ est aussi notre mission (1971)
Anniversaire de 300 ans de la première Messe (1971)
L’année sainte du renouveau et de la réconcilitation (1973)

Dans le carde de la Conférence des évêques du Sud Việt Nam, il lui fut confié différentes charges: la présidence du Comité Iustice et Paix, celle du Comité des Communications sociales, et celle du Comité du développement du Việt Nam, enfin la responsabilité du Bureau en faveur des personnes provenant des zones touchées par la guerre. Il fut l’un des fondateurs de la Radio catholique Veritas Asie (Manille), sous les auspices de la Fédération des Conférences des évêques de l’Asie. Il participa plusieurs fois aux réunions de cette Fédération des Conférences des évêques de l’Asie (F.A.B.C.). Il fut nommé consulteur du Conseil Pontifical pour les Laics. À l’occasion des réunions de ce Conseil, il rencontra le Pape actuel Jean-Paul II, qui était alors Archevêque de Cracovie, et il demanda à ce dernier de faire part de son expérience en tant qu’Archevêque au sujet de la vie des catholiques sous le régime communiste. Il fut nommé consulteur puis membre de la Congrégation de l’évangélisation des Peuples, et membre de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements.

Le 24 avril 1975, six jours avant la prise de Sạgon par les communistes, le Pape Paul VI nomma Mgr. François-Xavier Nguyễn Văn Thuận évêque coadjuteur du diocèse de Sàigon (dénommé maintenant Hochiminhville), avec droit de succession, en l’ élevant à la dignité d’Archevêque titulaire de Vadesi. Toutefois, les autorités communistes de l’époque n’acceptrent pas cette nomination.

Le 15 aout 1975, en la solennité de l’Assomption de la Sainte Vierge Marie, Mgr. Nguyễn Văn Thuận fut arrêté et emmené de force à Nha Trang, puis emprisonné à Cây Vông, transféré ensuite à la prison de Nha Trang, Phú Khánh, puis à la prison de Thủ Đức (de Sàigòn), avant d’ être de nouveau transféré au nord du Vit Nam. Il vécut donc treize ans en prison, dont neuf ans d’isolement total dans la prison de Vĩnh Quang (Vĩnh Phú), et dans celle de la police de Hà Nội, puis il fut placé en résidence surveillé à Giang Xá. Durant les premiers jours qu’il passa en prison, Mgr. Nguyễn Văn Thuận avait écrit son livre: Le chemin de l’espérance. Il a voulu adresser cet ouvrage, qu’il considère comme son testament spirituel, à tous les catholiques vietnamiens, vivant aussi bien dans le pays qu’ à l’étranger.

Après avoir écouté la prédication du Carême 2000 du Cardinal Nguyễn Văn Thuận, au cours de laquelle celui-ci avait évoqué ses années de prison, le Pape Jean-Paul II exprima ses sentiments en déclarant: “J’ai désiré, pendant le Grand Jubilé 2000, réserver une place particulière au témoignage des personnes qui ont souffert à cause de la foi, qui ont versé leur sang pour prix de leur attachement au Christ et à l’Église, ou bien qui ont subi de longues années de prison et de carence totale ... “ (Bulle Mysterium Incarnationis, n. 13, cité dans l’ouvrage: Les témoins de l’espérance).

Le 21 novembre 1988, en la mémoire de la Préntation de la Sainte Vierge Marie au Temple, Mgr. François-Xavier Nguyễn Văn Thuận fut libéré et transféré l’archevêché de Hà Nội, mais il ne lui fut pas permis d’exercer son ministère pastoral. Il obtint ensuite la permission de se rendre en Australie pour voir ses parents et sa famille, qui vivaient à Sydney. Puis, d’Australie il se rendit à Rome, où il rencontra le Pape, et il rentra au Việt Nam. En 1991, il obtint de nouveau la permission d’aller à l’étranger, mais il lui fut interdit de retourner au Vit Nam. Il commença alors sa vie d’exilé Cependant, il est toujours demeuré présent tant à l’Église qui est au Việt Nam, qu’au Việt Nam lui-même. De fait, en fonction de ses possibilités, il a toujours cherché à soutenir des activités sociales aussi diverses et nombreuses que les léproseries, les organisations caritatives, les activités culturelles, spécialement celles qui ont traité la découverte et à la recherche de la culture vietnamienne, sans oublier évidemment l’ Église, qui est au Việt Nam: aide en vue de la réparation et de la construction des églises, soutien de la formation des séminaristes et des laics... Face à toutes les souffrances et les persécutions subies par l’ Église et par lui-même, il a toujours fait preuve, dans sa vie et dans sa prédication, d’un vif désir et d’une ardente recherche du pardon et de la réconciliation.

Pendant son séjour à l’ étranger, Mgr. Nguyễn Văn Thuận fut invité prêcher des retraites et à donner des conférences en divers endroits du monde, comme, par exemple, à la cathédrale de Paris pendant un Carême, dans différentes universités, comme au Mexique, où il s’adressa à 50.000 jeunes, en mai 1998. Le 11 mai 1996, L’université catholique des Jésuites de la Nouvelle Orléans, en Louisiane (États-Unis) lui a conféré le titre de docteur honoris causa. La Congrégation pour l’Évangélisation des Peuples lui a confié la mission d’accomplir des visites apostoliques dans quelques séminaires en Afrique.

Le 24 novembre 1994, le Saint-Père le nomma Vice Président du Conseil Pontifical pour la Justice et la Paix, et le 24 juin 1998, il fut promu Président de ce même Conseil, succédant à Son Éminence le Cardinal Roger Etchegaray. Il a gardé cette responsabilité jusqu’à maintenant.

Le 21 février 2001, au cours du consistoire privé des cardinaux, le Saint-Père Jean-Paul II a créé Mgr. François-Xavier Nguyễn Văn Thuận Cardinal de la Sainte Eglise romaine, dans l’ordre des diacres, et lui conférant le titre de l’Église Santa Maria della Scala (la Sainte Vierge Marie aux escaliers), desservie par les Carmes, qui se trouve dans le Transtévère, à Rome.

Il convient de noter, en particulier, qu’ à l’occasion du Carme de l’an 2000, le Saint- Père a invité le Cardinal Nguyễn Văn Thuận à prêcher les exercices spirituels aux membres de la Curie romaine, au début du nouveau millénaire. Le Pape avait dit au Cardinal François-Xavier Nguyễn Văn Thuận: “Le premier an du nouvel millnaire, un Vietnamien prêchera les exercices spirituels à la Curie romaine”. Puis le Pape avait ajouté: “donnez-nous votre témoignage”. À cette occasion, après avoir été reçu par le Saint-Père au cours d’une audience privée, au cours de laquelle ce dernier lui remit un calice, le Cardinal François-Xavier Nguyễn Văn Thuận déclara: “Il y a vingt-quatre ans, quand j’ai célébré la Messe avec trois gouttes de vin et une goutte d’eau, je n’aurais jamais pensé qu’aujourd’hui le Saint-Père me donnerait un calice doré . . . Dieu est si grand! Et son amour est tellement grand” (cf. Les témoins de l’espérance).

Le Cardinal François-Xavier Nguyễn Văn Thuận a aussi reçu des médailles d’honneur et des prix de diverses organisations comme, le 9 juin 1999, celle de “Commandeur de l’Ordre National du Mérite” ( à l’ambassade de France près le Saint-Siège); le 12 décembre 2000, le prix “Together for Peace Foundation” à Rome (Campidoglio); le 20 octobre 2001, le Prix pour la Paix (SERMIG-Association missionnaire des Jeunes) à Turin; le 9 décembre 2001, le Prix pour la Paix 2001 (Centre d’ études de G. Donati) à Pistoie (Italie).

À la suite des années passées en prison, Mgr. Nguyễn Văn Thuận a subi sept interventions chirurgicales. trois d’entre elles mirent sa vie en danger, à cause des risques d’infection L’avant-dernière opération a eu lieu le 17 avril 2001 dans le “Saint Elizabeth Medical Centre”, Boston, aux États-Unis, et la dernière, à Milan, dans le nord de l’Italie, dans un centre national d’études et de recherche contre le cancer, le 8 mai 2002. L’aggravation de son état de santé durant les premiers jours du mois de juin 2002, a provoqué son transport d’urgence à l’hôpital Agostino Gemelli, de l’Université catholique du Sacré-Coeur, à Rome. Puis il a été transféré l’hôpital Pie XI, où il continue à être soigné.

Il a décédé à Rome le 16 septembre 2002.

Rome, le 16 septembre 2002.