Eglises d’Asie, 11 juin 2010 – Environ 600 personnes, dont 50 catholiques, ont assisté à une cérémonie interreligieuse jeudi 10 juin en soutien à la campagne de réconciliation nationale proposé par le gouvernement, après les semaines sanglantes d’affrontement entre l’Etat et les « chemises rouges » qui se sont soldées par la mort de 88 personnes et près de 2 000 blessés (1).

Le Premier ministre thaïlandais, Abhisit Vejjajiva, fortement critiqué aujourd’hui pour son implication dans la répression violente du mouvement des « chemises rouges », a présidé cette cérémonie traditionnelle « d’acquisition de mérites », qui dans la conception bouddhiste permet d’effacer les conséquences des actes néfastes et offre aux morts le bénéfice des offrandes réparatrices offertes par les vivants. Le gouvernement thaïlandais a organisé de nombreuses cérémonies de ce type depuis les « semaines rouges », réunissant généralement des membres des autres religions, christianisme, islam, hindouisme et confucianisme, qui ont pratiqué leurs propres rites, tout en s’associant aux cérémonies expiatoires des bouddhistes, très largement majoritaires dans le pays.

Abhisit Vejjajiva a ensuite lancé un appel télévisé incitant tous les citoyens de Thaïlande à s’unir à cette campagne de réconciliation. « Il est temps pour le pays de se reconstruire et de cicatriser ses blessures. Chaque religion doit contribuer à faire revenir la paix », a déclaré pour sa part Mgr Francis Xavier Kriengsak Kovitvanit, archevêque catholique de Bangkok, qui participait à la célébration (2). Devant la foule rassemblant bouddhistes, chrétiens, musulmans, sikhs et hindous, il a également lu la « prière pour la paix », attribuée à saint François d’Assise (3).

Accompagnés de plusieurs de ses ministres, le Premier ministre Abhisit Vejjajiva a ensuite pris part à un colloque d’universitaires, de fonctionnaires et de représentants du secteur privé afin de discuter des cinq points du plan de réconciliation nationale (4). Ce programme vise à préserver la monarchie en la mettant au-dessus du jeu politique, tout en instaurant des réformes pour réduire les inégalités sociales et économiques. Il se propose aussi d’établir une plus grande indépendance des médias, de diligenter une enquête indépendante sur les violences qui ont eu lieu dans la capitale, et surtout de s’assurer l’adhésion et la participation des parties concernées. Abhisit Vejjajiva a également demandé à ce que soient organisées des réunions de réflexion dans tout le pays sur la manière de mettre en pratique le programme.

L’un des ministres auprès du Premier ministre, Sathit Wongnongtaey, a déclaré que le gouvernement avait prévu une série d’actions pour promouvoir l’unité des Thaïlandais, lesquelles seraient lancées le 13 juin prochain et demanderaient la participation de l’ensemble de la population.

(1) Voir EDA 527, 528, 530
(2) Ucanews, 11 juin 2010.
(3) Le prélat avait déjà lancé de semblables appels à la paix lors des heures les plus critiques de l’affrontement entre les « chemises rouges » et le gouvernement, notamment le 15 avril dernier. Lors de ce rassemblement interreligieux, Mgr Kovitvanit, le vénérable Thammakosajarn, représentant du patriarche suprême du bouddhisme de Thaïlande, et Imron Maluleen, vice-président du Comité islamique central de Thaïlande, avaient demandé à leurs fidèles de prier chaque soir pour la paix. Voir EDA 528
(4) Certains points de ce plan avaient déjà été présentés début mai par Abhisit Vejjajiva. Ils comprenaient la tenue d’élections à la mi-novembre, des réunions entre le gouvernement et les leaders des « chemises rouges » pour réduire les inégalités, la réforme des médias pour une plus grande indépendance, et des amendements à la Constitution. L’assaut final et meurtrier du camp retranché des « rouges » le 19 mai avait fait échouer les premières discussions. Cf. Arnaud Dubus sur RFI, 1er juin 2010, 29 mai 2010, 26 mai 2010.

(Source: Eglises d'Asie, 11 juin 2010)