MACAO - Mgr Jose Lai Hung-seng, évêque du diocèse catholique de Macao, a déclaré le 17 décembre qu’il espérait que le gouvernement allait définir plus clairement les termes du projet de loi relatif à l’article 23 de la Loi fondamentale (1). A l’agence Ucanews, il a précisé que certains termes comme « secrets d’Etat » devront être clairement définis, étant donné que le système juridique de Macao est très différent de celui de la Chine continentale.
Il s’est réjoui de ce que le gouvernement local ait écouté les inquiétudes de la population qui se sont fait jour lors la consultation publique ouverte durant 40 jours à propos de ce projet de loi et il a ajouté que les habitants de Macao, catholiques ou non, ne devaient pas hésiter à continuer à faire entendre leurs craintes quant aux aspects potentiellement liberticide de ce texte. Le prélat, âgé de 61 ans, a ajouté que les catholiques dans l’ensemble ne s’opposaient pas à la loi en question, en particulier parce qu’il existait un vide juridique concernant la sécurité nationale, hérité de la période portugaise et qui n’était pas appelé à perdurer.
Le projet de loi porte sur la promulgation et l’application de l’article 23 de la Loi fondamentale, en interdisant tous les actes portant atteinte à la souveraineté, l’intégrité du territoire, l’unité et la sécurité nationale de la Chine (2). Après que la population de Macao ait exprimé ses craintes que la liberté d’expression et d’autres droits fondamentaux soient restreints par ce texte, le gouvernement local a abandonné la clause qui punissait d’emprisonnement la préparation d’actes de sédition ou de vol de secrets d’Etat. En revanche, la préparation d’actes de trahison, sécession ou subversion sera toujours passible de la prison. La disposition stipulant que les procès concernant la sécurité nationale sont publics, à moins qu’un juge n’estime que ce n’est pas dans l’intérêt de l’Etat, n’a pas été modifiée.
Le 16 décembre, le chef de l’exécutif local, Edmund Ho Hau-wah, a annoncé que son gouvernement avait soumis le projet de loi, en sa version amendée, à l’Assemblée législative de Macao.
Le 17 décembre, Chan Wai-chi, directeur de l’hebdomadaire catholique Observatorio de Macao et membre du très actif groupe politique New Democratic Macau Association, a expliqué à Ucanews qu’il était consterné que les clauses relatives à la subversion et à l’espionnage de secrets d’Etat aient été conservées dans le projet. Il a demandé à deux membres de l’association, qui siègent à l’Assemblée législative, de réclamer davantage de temps pour la consultation publique et la modification du projet de loi (3).
Pour sa part, Sr Agnes So Ying-suen (4), présidente du Conseil des Ecoles catholiques, fait crédit au gouvernement d’avoir entendu quelques-unes des critiques formulées par l’opinion publique. Elle précise toutefois que les chefs d’établissements catholiques se réuniront prochainement pour étudier le texte dans le détail.
Les Eglises protestantes de Macao, quant à elles, ont présenté le 25 novembre dernier au gouvernement une déclaration sur leur position. A partir des conclusions des débats entre 27 responsables protestants, le rapport soutient la loi mais regrette que le gouvernement n’ait convié aucun représentant de l’Eglise protestante à assister aux sessions de consultation, ouvertes seulement à des personnes choisies. Sur l’ensemble des sessions, quatre étaient menées par des organismes liés au gouvernement et une seule était ouverte au public. « Durant cette étape importante du processus législatif, peut-on lire dans le rapport, le gouvernement de Macao a tenté d’exclure les groupes chrétiens, décevant ainsi leurs responsables. » Si les représentants des Eglises protestantes ne peuvent comprendre les intentions du gouvernement qui sous-tendent le texte de loi, poursuit le rapport, ils ne pourront guère apaiser les craintes de leurs fidèles. Les responsables protestants s’inquiètent également de ce que les fréquents contacts des Eglises locales avec les Eglises internationales soient éventuellement interprétés comme des liens avec des groupes politiques étrangers mettant en danger la sécurité nationale.
A Macao, les protestants sont au nombre d’environ 4 000 fidèles et les catholiques de 20 000, sur une population totale de 557 000 habitants. Sur les 675 citoyens de Macao qui ont envoyé un commentaire écrit du texte de loi lors de la période de consultation publique, 86,7 % ont approuvé le projet de loi; sur les 127 groupes, communautés ou institutions qui ont manifesté leur opinion, on compte 96,85 % d’avis favorable.
Enfin, Chan Wei-chi a annoncé que, pour le 20 décembre, jour du neuvième anniversaire du retour de Macao sous le drapeau chinois, la New Democratic Macau Association a appelé à une manifestation de masse pour demander davantage de démocratie, de mesures anti-corruption, une meilleure gestion et l’amélioration des conditions de vie des habitants du territoire.
(1) La Région Administrative Spéciale (RAS) de Macao, depuis sa rétrocession à la Chine en 1999, bénéficie comme Hongkong d’un régime constitutionnel spécial, inscrit dans une « Loi fondamentale », garantissant l’application du système antérieur pour une période de 50 ans. Voir EDA 497.
(2) Il s’agit de la trahison, sécession, subversion, sédition contre le gouvernement de la République populaire de Chine, vol de secrets d’Etat, participation ou contact avec des « organisations étrangères politiques ou groupes mettant en péril la sécurité nationale ».Voir EDA 497.
(3) Le journal en chinois Observatorio de Macao a été à l’origine d’un séminaire de réflexion sur le projet de loi en novembre dernier (voir EDA 497).
(4) Sr Agnes So Ying-suen est membre de la congrégation des Filles de la Charité canossiennes, fondée en 1808 par Madeleine de Canossa. Arrivées en 1858 à Hongkong, elles essaimèrent ensuite dans différents pays asiatiques. Les 4 000 Filles de la Charité canossiennes sont aujourd’hui présentes sur les cinq continents.
(Source: Eglises d'Asie, 19 décembre 2008)
Il s’est réjoui de ce que le gouvernement local ait écouté les inquiétudes de la population qui se sont fait jour lors la consultation publique ouverte durant 40 jours à propos de ce projet de loi et il a ajouté que les habitants de Macao, catholiques ou non, ne devaient pas hésiter à continuer à faire entendre leurs craintes quant aux aspects potentiellement liberticide de ce texte. Le prélat, âgé de 61 ans, a ajouté que les catholiques dans l’ensemble ne s’opposaient pas à la loi en question, en particulier parce qu’il existait un vide juridique concernant la sécurité nationale, hérité de la période portugaise et qui n’était pas appelé à perdurer.
Le projet de loi porte sur la promulgation et l’application de l’article 23 de la Loi fondamentale, en interdisant tous les actes portant atteinte à la souveraineté, l’intégrité du territoire, l’unité et la sécurité nationale de la Chine (2). Après que la population de Macao ait exprimé ses craintes que la liberté d’expression et d’autres droits fondamentaux soient restreints par ce texte, le gouvernement local a abandonné la clause qui punissait d’emprisonnement la préparation d’actes de sédition ou de vol de secrets d’Etat. En revanche, la préparation d’actes de trahison, sécession ou subversion sera toujours passible de la prison. La disposition stipulant que les procès concernant la sécurité nationale sont publics, à moins qu’un juge n’estime que ce n’est pas dans l’intérêt de l’Etat, n’a pas été modifiée.
Le 16 décembre, le chef de l’exécutif local, Edmund Ho Hau-wah, a annoncé que son gouvernement avait soumis le projet de loi, en sa version amendée, à l’Assemblée législative de Macao.
Le 17 décembre, Chan Wai-chi, directeur de l’hebdomadaire catholique Observatorio de Macao et membre du très actif groupe politique New Democratic Macau Association, a expliqué à Ucanews qu’il était consterné que les clauses relatives à la subversion et à l’espionnage de secrets d’Etat aient été conservées dans le projet. Il a demandé à deux membres de l’association, qui siègent à l’Assemblée législative, de réclamer davantage de temps pour la consultation publique et la modification du projet de loi (3).
Pour sa part, Sr Agnes So Ying-suen (4), présidente du Conseil des Ecoles catholiques, fait crédit au gouvernement d’avoir entendu quelques-unes des critiques formulées par l’opinion publique. Elle précise toutefois que les chefs d’établissements catholiques se réuniront prochainement pour étudier le texte dans le détail.
Les Eglises protestantes de Macao, quant à elles, ont présenté le 25 novembre dernier au gouvernement une déclaration sur leur position. A partir des conclusions des débats entre 27 responsables protestants, le rapport soutient la loi mais regrette que le gouvernement n’ait convié aucun représentant de l’Eglise protestante à assister aux sessions de consultation, ouvertes seulement à des personnes choisies. Sur l’ensemble des sessions, quatre étaient menées par des organismes liés au gouvernement et une seule était ouverte au public. « Durant cette étape importante du processus législatif, peut-on lire dans le rapport, le gouvernement de Macao a tenté d’exclure les groupes chrétiens, décevant ainsi leurs responsables. » Si les représentants des Eglises protestantes ne peuvent comprendre les intentions du gouvernement qui sous-tendent le texte de loi, poursuit le rapport, ils ne pourront guère apaiser les craintes de leurs fidèles. Les responsables protestants s’inquiètent également de ce que les fréquents contacts des Eglises locales avec les Eglises internationales soient éventuellement interprétés comme des liens avec des groupes politiques étrangers mettant en danger la sécurité nationale.
A Macao, les protestants sont au nombre d’environ 4 000 fidèles et les catholiques de 20 000, sur une population totale de 557 000 habitants. Sur les 675 citoyens de Macao qui ont envoyé un commentaire écrit du texte de loi lors de la période de consultation publique, 86,7 % ont approuvé le projet de loi; sur les 127 groupes, communautés ou institutions qui ont manifesté leur opinion, on compte 96,85 % d’avis favorable.
Enfin, Chan Wei-chi a annoncé que, pour le 20 décembre, jour du neuvième anniversaire du retour de Macao sous le drapeau chinois, la New Democratic Macau Association a appelé à une manifestation de masse pour demander davantage de démocratie, de mesures anti-corruption, une meilleure gestion et l’amélioration des conditions de vie des habitants du territoire.
(1) La Région Administrative Spéciale (RAS) de Macao, depuis sa rétrocession à la Chine en 1999, bénéficie comme Hongkong d’un régime constitutionnel spécial, inscrit dans une « Loi fondamentale », garantissant l’application du système antérieur pour une période de 50 ans. Voir EDA 497.
(2) Il s’agit de la trahison, sécession, subversion, sédition contre le gouvernement de la République populaire de Chine, vol de secrets d’Etat, participation ou contact avec des « organisations étrangères politiques ou groupes mettant en péril la sécurité nationale ».Voir EDA 497.
(3) Le journal en chinois Observatorio de Macao a été à l’origine d’un séminaire de réflexion sur le projet de loi en novembre dernier (voir EDA 497).
(4) Sr Agnes So Ying-suen est membre de la congrégation des Filles de la Charité canossiennes, fondée en 1808 par Madeleine de Canossa. Arrivées en 1858 à Hongkong, elles essaimèrent ensuite dans différents pays asiatiques. Les 4 000 Filles de la Charité canossiennes sont aujourd’hui présentes sur les cinq continents.
(Source: Eglises d'Asie, 19 décembre 2008)