« Le gouvernement cherche à faire traîner les choses. Nous ne devons pas tomber dans le piège qu’il nous tend. L’opinion publique demeure à nos côtés, mais nous ne souhaitons pas que les gens payent trop longtemps les conséquences [du blocage du centre de Hongkong]. Il est temps que les étudiants et les lycéens regagnent leurs salles de cours. Il faut que les gens ordinaires retournent au bureau. » Telles sont les mots employés par le cardinal Zen Ze-kiun, évêque émérite du diocèse de Hongkong, pour appeler les étudiants à cesser d’occuper le terrain devant les bâtiments qui abritent le siège du gouvernement local à Admiralty, sur l’île de Hongkong.
Alors que la nuit est tombée sur Hongkong et qu’un accord semble avoir été trouvé pour que des pourparlers se tiennent vendredi prochain entre Carrie Lam, secrétaire en chef du gouvernement local, et des représentants des étudiants, la prise de position du cardinal Zen ne rencontre pas l’assentiment de la HKFS (Hong Kong Federation of Students). Celle-ci affirme que les étudiants ne se retireront pas « tant que le dialogue [avec les autorités] n’aura pas produit de résultat ».
Le cardinal Zen a diffusé son appel à cesser l’occupation du pavé hongkongais ce mercredi 8 octobre à la mi-journée, en le postant sur son blog, sa page Facebook et le site Internet du Centre audio-visuel du diocèse de Hongkong. A l’âge de 82 ans, il venait de passer la nuit de mardi à mercredi dehors, avec les étudiants. « Je suis avec eux, dans la rue avec eux, avait-il déclaré à l’agence AsiaNews. J’ai déjà dormi avec eux deux ou trois nuits, mais à partir de ce soir [mardi 7 octobre], je serai là chaque nuit jusqu’à ce que nous soyons dispersés ou arrêtés. »
Pour le cardinal, la promesse du gouvernement d’engager des pourparlers n’est pas crédible. « Le gouvernement n’est pas sincère. D’un côté, il se dit prêt à entamer des pourparlers ; de l’autre, il dit qu’il n’a pas le pouvoir de revenir sur les décisions prises par Pékin [concernant l’octroi du suffrage universel en 2017 sur une base démocratiquement biaisée]. Cela signifie que le résultat des pourparlers est couru d’avance », explique-t-il.
Sur le plan tactique, le cardinal met en garde contre les manœuvres du gouvernement pour diviser le front des leaders de « la révolution des parapluies », ainsi qu’a été surnommée le mouvement de révolte contre la décision de Pékin à propos du suffrage universel. Seule la HKFS a été invitée à prendre part aux pourparlers de vendredi, sans qu’y soit associée l’autre principale organisation étudiante, Scholarism, ni les cadres d’Occupy Central, ce mouvement prônant la désobéissance civile pour lutter contre la mainmise de Pékin sur Hongkong. « Pourquoi les trois principaux responsables d’Occupy Central n’ont-ils pas été conviés aux pourparlers ? Après tout, ce sont eux qui ont tout organisé et ont mobilisé les gens durant des semaines. Il est clair que le gouvernement essaie de nous diviser et, malheureusement, des jeunes tombent dans le piège en pensant qu’ils peuvent tout diriger. Mais ils n’écoutent pas ! », poursuit celui qui est souvent décrit dans la presse comme « la conscience morale de Hongkong ».
Selon le cardinal, après dix jours de sit-in ininterrompu, il est temps de se replier. Dans l’immédiat, le cardinal se montre prêt à dormir auprès du dernier carré des manifestants afin de les protéger de sa stature de toute attaque violente de la part de la police ou de voyous à la solde des triades locales. Mais, pour l’avenir, il est nécessaire de changer de mode d’action, explique-t-il encore. « Nous ne nous retirons pas parce que nous avons essuyé une défaite. En réalité, c’est une victoire. Une double victoire car nous avons obtenu le soutien de la population [de Hongkong] et nous avons contraint Pékin à dévoiler son vrai visage », déclare-t-il.
Dans une interview au quotidien La Croix diffusée le 7 octobre, le cardinal avait précisé sa pensée en ces termes : « Un premier pas vient d’être franchi pour défendre la démocratie et les libertés, mais maintenant il s’agit de se projeter sur le long terme avec une stratégie solide et bien construite. Nous agissons ouvertement, alors que le gouvernement peut agir dans l’ombre. » Il continuait en rejetant la responsabilité de la cécité de Pékin sur le particularisme hongkongais en expliquant que « les autorités de Hongkong étaient coupables d’avoir donné de fausses informations à Pékin [quant à l’état d’esprit pro-démocratique de l’opinion publique hongkongaise] ». Mais il poursuivait aussi en reprochant à Pékin d’avoir renié ses promesses quant à l’introduction d’un système politique démocratique à Hongkong.
A AsiaNews, le cardinal avait confié : « Le grand mérite des catholiques est d’avoir fortement contribué à ce que tout le monde [impliqué dans la révolution des parapluies] soit uni. Avec le référendum [non officiel organisé en juin dernier par Occupy Central], nous avons fait des propositions pour rapprocher les points de vue. Mais aujourd’hui encore, je milite pour que soit créée une coalition démocratique, afin que nous ne nous montrions pas faibles et divisés face au gouvernement. » (eda/ra)
(Source: Eglises d'Asie, le 8 octobre 2014)
Alors que la nuit est tombée sur Hongkong et qu’un accord semble avoir été trouvé pour que des pourparlers se tiennent vendredi prochain entre Carrie Lam, secrétaire en chef du gouvernement local, et des représentants des étudiants, la prise de position du cardinal Zen ne rencontre pas l’assentiment de la HKFS (Hong Kong Federation of Students). Celle-ci affirme que les étudiants ne se retireront pas « tant que le dialogue [avec les autorités] n’aura pas produit de résultat ».
Le cardinal Zen a diffusé son appel à cesser l’occupation du pavé hongkongais ce mercredi 8 octobre à la mi-journée, en le postant sur son blog, sa page Facebook et le site Internet du Centre audio-visuel du diocèse de Hongkong. A l’âge de 82 ans, il venait de passer la nuit de mardi à mercredi dehors, avec les étudiants. « Je suis avec eux, dans la rue avec eux, avait-il déclaré à l’agence AsiaNews. J’ai déjà dormi avec eux deux ou trois nuits, mais à partir de ce soir [mardi 7 octobre], je serai là chaque nuit jusqu’à ce que nous soyons dispersés ou arrêtés. »
Pour le cardinal, la promesse du gouvernement d’engager des pourparlers n’est pas crédible. « Le gouvernement n’est pas sincère. D’un côté, il se dit prêt à entamer des pourparlers ; de l’autre, il dit qu’il n’a pas le pouvoir de revenir sur les décisions prises par Pékin [concernant l’octroi du suffrage universel en 2017 sur une base démocratiquement biaisée]. Cela signifie que le résultat des pourparlers est couru d’avance », explique-t-il.
Sur le plan tactique, le cardinal met en garde contre les manœuvres du gouvernement pour diviser le front des leaders de « la révolution des parapluies », ainsi qu’a été surnommée le mouvement de révolte contre la décision de Pékin à propos du suffrage universel. Seule la HKFS a été invitée à prendre part aux pourparlers de vendredi, sans qu’y soit associée l’autre principale organisation étudiante, Scholarism, ni les cadres d’Occupy Central, ce mouvement prônant la désobéissance civile pour lutter contre la mainmise de Pékin sur Hongkong. « Pourquoi les trois principaux responsables d’Occupy Central n’ont-ils pas été conviés aux pourparlers ? Après tout, ce sont eux qui ont tout organisé et ont mobilisé les gens durant des semaines. Il est clair que le gouvernement essaie de nous diviser et, malheureusement, des jeunes tombent dans le piège en pensant qu’ils peuvent tout diriger. Mais ils n’écoutent pas ! », poursuit celui qui est souvent décrit dans la presse comme « la conscience morale de Hongkong ».
Selon le cardinal, après dix jours de sit-in ininterrompu, il est temps de se replier. Dans l’immédiat, le cardinal se montre prêt à dormir auprès du dernier carré des manifestants afin de les protéger de sa stature de toute attaque violente de la part de la police ou de voyous à la solde des triades locales. Mais, pour l’avenir, il est nécessaire de changer de mode d’action, explique-t-il encore. « Nous ne nous retirons pas parce que nous avons essuyé une défaite. En réalité, c’est une victoire. Une double victoire car nous avons obtenu le soutien de la population [de Hongkong] et nous avons contraint Pékin à dévoiler son vrai visage », déclare-t-il.
Dans une interview au quotidien La Croix diffusée le 7 octobre, le cardinal avait précisé sa pensée en ces termes : « Un premier pas vient d’être franchi pour défendre la démocratie et les libertés, mais maintenant il s’agit de se projeter sur le long terme avec une stratégie solide et bien construite. Nous agissons ouvertement, alors que le gouvernement peut agir dans l’ombre. » Il continuait en rejetant la responsabilité de la cécité de Pékin sur le particularisme hongkongais en expliquant que « les autorités de Hongkong étaient coupables d’avoir donné de fausses informations à Pékin [quant à l’état d’esprit pro-démocratique de l’opinion publique hongkongaise] ». Mais il poursuivait aussi en reprochant à Pékin d’avoir renié ses promesses quant à l’introduction d’un système politique démocratique à Hongkong.
A AsiaNews, le cardinal avait confié : « Le grand mérite des catholiques est d’avoir fortement contribué à ce que tout le monde [impliqué dans la révolution des parapluies] soit uni. Avec le référendum [non officiel organisé en juin dernier par Occupy Central], nous avons fait des propositions pour rapprocher les points de vue. Mais aujourd’hui encore, je milite pour que soit créée une coalition démocratique, afin que nous ne nous montrions pas faibles et divisés face au gouvernement. » (eda/ra)
(Source: Eglises d'Asie, le 8 octobre 2014)