De nombreuses délégations diplomatiques sont venues à Rome le 22 février dernier, pour assister à la cérémonie au cours de laquelle le pape François a créé 19 nouveaux cardinaux. La présence parmi elles d’une relativement importante délégation du gouvernement vietnamien a intrigué. Elle comportait en effet cinq membres et était menée par Duong Ngoc Tân, vice-directeur du Bureau gouvernemental des Affaires religieuses (1).
Comme aucun évêque vietnamien ne figurait sur la liste de ceux qui accédaient à la dignité cardinalice, on s’est interrogé sur la raison de ce geste gouvernemental. En réalité, il n’y avait là rien de très mystérieux: la présence des représentants vietnamiens était motivée par la remise de la barrette cardinalice au nouveau secrétaire d’Etat, Mgr Pietro Parolin. Celui-ci est bien connu des autorités civiles vietnamiennes et, en particulier, du Bureau des affaires religieuses. Nommé sous-secrétaire de la section de la Secrétairerie d’Etat pour les rapports avec les Etats en novembre 2002, il avait ensuite participé jusqu’en 2009 aux négociations annuelles entre le Saint-Siège et le gouvernement vietnamien.
C’est le 27 avril 2004 que Mgr Pietro Parolin est venu pour la première fois à Hanoi. Il présidait la délégation du Saint-Siège qui, chaque année depuis novembre 1990, rencontre les autorités vietnamiennes pour des négociations à propos de l’Eglise catholique au Vietnam. Mgr Parolin prenait une succession difficile. La visite de son prédécesseur Mgr Celestino Migliore, en octobre 2002, avait été éprouvante pour la délégation. Le gouvernement vietnamien avait opposé de nombreux refus aux propositions du Saint-Siège. Les premières négociations menées par le nouveau responsable ne furent pas non plus faciles. Dans une interview accordée à Radio Vatican (programmes en vietnamien) après le voyage, Mgr Parolin cita d’abord les progrès accomplis au cours des quinze années écoulées depuis la première visite du cardinal Etchegaray, puis ajouta, parlant de la liberté religieuse: « Je crois que le chemin qui reste à parcourir est encore très long. » Cependant, d’une façon générale, il se montra d’un grand optimisme sur l’avenir des relations entre l’Eglise et l’Etat vietnamien.
Effectivement, dès l’année suivante, le climat des relations entre le Saint-Siège et le Vietnam se réchauffa. Il fut particulièrement cordial en juin 2005 lorsqu’une délégation vietnamienne se déplaça à Rome pour rencontrer les responsables de la Secrétairerie d’Etat et donc à nouveau Mgr Pietro Parolin. Les deux communiqués publiés à l’issue de la rencontre et particulièrement le communiqué vietnamien soulignent l’approfondissement des relations entre les deux parties. La visite au Vietnam, au mois de décembre suivant, du cardinal Crescenzio Sepe, préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, confirma cette impression.
Le climat avait changé au début du mois de mars 2007, lors du voyage au Vietnam de Mgr Pietro Parolin, toujours à la tête de la délégation vaticane. En effet, la visite se déroulait dans le double contexte d’une visite toute récente du Premier ministre Nguyên Tân Dung au pape Benoît XVI et d’une campagne policière lancée contre le P. Thaddée Nguyên Van Ly et quelques autres laïcs. Ce sujet fut évoqué lors des négociations, mais ne figurait pas dans le communiqué de presse du Vatican, qui mentionnait seulement un certain nombre de problèmes en suspens. Dans une interview donnée quelques jours plus tard à Radio Vatican, le chef de la délégation romaine déclarera avoir été ému par la chaleur de l’accueil des autorités et surtout des communautés catholiques.
Lorsque Mgr Parolin revint à Hanoi en juin 2008 pour les négociations annuelles, la tension entre l’Eglise et l’Etat était toujours vive. Elle était alimentée par les revendications de diverses communautés catholiques concernant des biens confisqués par l’Etat. En décembre 2007 et janvier 2008, les catholiques de Hanoi avaient manifesté pour la restitution du bâtiment ayant abrité l’ancienne délégation apostolique. Cette question fut évoquée au cours de la négociation par la délégation du Saint-Siège. Celle-ci réclama même la restitution progressive des biens d’Eglise, sans résultat. Lors d’une interview avec l’Agence vietnamienne d’information, le prélat déclara: « Les deux parties se sont écoutés écoutées mutuellement. Je pense que le résultat (du dialogue), c’est le dialogue lui-même… »
Au mois d’août 2009, après avoir été ordonné archevêque, Mgr Pietro Parolin sera nommé nonce apostolique au Venezuela. Mais avant cela, au mois de février, il avait accompli son dernier voyage au Vietnam pour participer aux premières réunions du « groupe mixte de travail Vietnam-Saint-Siège » dont le but affiché était de préparer directement l’établissement de relations diplomatiques entre les deux Etats.(eda/jm)
(1) La présence de la délégation a été signalée par Radio Vatican (programmes en langue vietnamienne) le 22 février 2014. Voir le script dans VietCatholic News du 22 février 2014.
(Source: Eglises d'Asie, le 28 février 2014)
C’est le 27 avril 2004 que Mgr Pietro Parolin est venu pour la première fois à Hanoi. Il présidait la délégation du Saint-Siège qui, chaque année depuis novembre 1990, rencontre les autorités vietnamiennes pour des négociations à propos de l’Eglise catholique au Vietnam. Mgr Parolin prenait une succession difficile. La visite de son prédécesseur Mgr Celestino Migliore, en octobre 2002, avait été éprouvante pour la délégation. Le gouvernement vietnamien avait opposé de nombreux refus aux propositions du Saint-Siège. Les premières négociations menées par le nouveau responsable ne furent pas non plus faciles. Dans une interview accordée à Radio Vatican (programmes en vietnamien) après le voyage, Mgr Parolin cita d’abord les progrès accomplis au cours des quinze années écoulées depuis la première visite du cardinal Etchegaray, puis ajouta, parlant de la liberté religieuse: « Je crois que le chemin qui reste à parcourir est encore très long. » Cependant, d’une façon générale, il se montra d’un grand optimisme sur l’avenir des relations entre l’Eglise et l’Etat vietnamien.
Effectivement, dès l’année suivante, le climat des relations entre le Saint-Siège et le Vietnam se réchauffa. Il fut particulièrement cordial en juin 2005 lorsqu’une délégation vietnamienne se déplaça à Rome pour rencontrer les responsables de la Secrétairerie d’Etat et donc à nouveau Mgr Pietro Parolin. Les deux communiqués publiés à l’issue de la rencontre et particulièrement le communiqué vietnamien soulignent l’approfondissement des relations entre les deux parties. La visite au Vietnam, au mois de décembre suivant, du cardinal Crescenzio Sepe, préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, confirma cette impression.
Le climat avait changé au début du mois de mars 2007, lors du voyage au Vietnam de Mgr Pietro Parolin, toujours à la tête de la délégation vaticane. En effet, la visite se déroulait dans le double contexte d’une visite toute récente du Premier ministre Nguyên Tân Dung au pape Benoît XVI et d’une campagne policière lancée contre le P. Thaddée Nguyên Van Ly et quelques autres laïcs. Ce sujet fut évoqué lors des négociations, mais ne figurait pas dans le communiqué de presse du Vatican, qui mentionnait seulement un certain nombre de problèmes en suspens. Dans une interview donnée quelques jours plus tard à Radio Vatican, le chef de la délégation romaine déclarera avoir été ému par la chaleur de l’accueil des autorités et surtout des communautés catholiques.
Lorsque Mgr Parolin revint à Hanoi en juin 2008 pour les négociations annuelles, la tension entre l’Eglise et l’Etat était toujours vive. Elle était alimentée par les revendications de diverses communautés catholiques concernant des biens confisqués par l’Etat. En décembre 2007 et janvier 2008, les catholiques de Hanoi avaient manifesté pour la restitution du bâtiment ayant abrité l’ancienne délégation apostolique. Cette question fut évoquée au cours de la négociation par la délégation du Saint-Siège. Celle-ci réclama même la restitution progressive des biens d’Eglise, sans résultat. Lors d’une interview avec l’Agence vietnamienne d’information, le prélat déclara: « Les deux parties se sont écoutés écoutées mutuellement. Je pense que le résultat (du dialogue), c’est le dialogue lui-même… »
Au mois d’août 2009, après avoir été ordonné archevêque, Mgr Pietro Parolin sera nommé nonce apostolique au Venezuela. Mais avant cela, au mois de février, il avait accompli son dernier voyage au Vietnam pour participer aux premières réunions du « groupe mixte de travail Vietnam-Saint-Siège » dont le but affiché était de préparer directement l’établissement de relations diplomatiques entre les deux Etats.(eda/jm)
(1) La présence de la délégation a été signalée par Radio Vatican (programmes en langue vietnamienne) le 22 février 2014. Voir le script dans VietCatholic News du 22 février 2014.
(Source: Eglises d'Asie, le 28 février 2014)