Mgr Francis Hsu Chen-Ping, premier évêque chinois du diocèse catholique de Hongkong, en avait caressé le projet au début des années 1970. Quelque quarante ans plus tard, son successeur le cardinal John Tong Hon pourrait le concrétiser : d’ici à quelques années, l’Université catholique de Hongkong verra le jour à Tseung Kwan O, dans les Nouveaux Territoires.
Pour le cardinal Tong, il s’agit de saisir l’opportunité offerte par le gouvernement de Hongkong. Face à une offre universitaire insuffisante, malgré le développement des huit universités financées sur fonds publics, le gouvernement local souhaite en effet que de nouvelles initiatives voient le jour dans ce domaine.
En matière d’éducation à Hongkong, l’Eglise catholique est un acteur de poids. Elle y gère en effet 221 des 935 écoles, collèges et lycées du territoire, scolarisant ainsi un quart des élèves. Ces dernières années, le diocèse de Hongkong, lorsque le cardinal Zen Ze-kiun en était l’évêque, n’a pas hésité à croiser le fer avec le gouvernement au sujet des évolutions législatives concernant le mode de gestion des établissements privés sous contrat avec l’Etat ou bien encore l’introduction de cours de patriotisme dans les écoles. Mais ces tensions n’ont jamais remis en cause le fait que les Hongkongais comme les autorités hongkongaises apprécient la qualité de l’enseignement dispensé dans les écoles dont l’Eglise a la charge. Durant toutes ces années, l’Eglise catholique est toutefois demeurée absente de l’enseignement supérieur, au contraire des protestants baptistes, fondateurs de l’Université baptiste de Hongkong (Hong Kong Baptist University), établissement créé en 1956 mais aujourd’hui passé dans le giron du public.
C’est pour combler cette lacune que le diocèse a proposé sa candidature au gouvernement de Hongkong. S’appuyant sur sa présence dans l’enseignement supérieur technique, l’Eglise souhaite désormais développer une université complète, et c’est au réseau Caritas qu’a été confiée cette mission. Très implantée à Hongkong à travers de nombreux établissements (centres sociaux, maisons de retraite, écoles primaires et secondaires, centre pour handicapés), la Caritas Hongkong gère également le CBCC - Caritas Bianchi College of Careers (du nom de Mgr Lorenzo Bianchi, évêque de Hongkong de 1951 à 1968) et le CIHE - Caritas Institute of Higher Education.
Installé à Tseung Kwan O, localité des Nouveaux Territoires très bien desservie par le métro et des lignes de bus, le CBCC accueille actuellement quelque 1 700 étudiants pour des formations courtes et professionnalisantes. Edifié sur un terrain alloué gratuitement par le gouvernement de Hongkong, son nouveau campus, d’un coût de 190 millions de dollars de Hongkong (18 millions d’euros), a été inauguré en 2009. Quant au CIHE, il s’est vu récemment alloué par le gouvernement un terrain de 7 500 m², adjacent au campus du CBCC, et a été autorisé à y construire un bâtiment de 30 000 m². En unissant leurs ressources, le CBCC et le CIHE ambitionnent désormais de construire l’Université catholique de Hongkong, destinée à accueillir plusieurs milliers d’étudiants.
Le coût du nouveau campus est annoncé à 800 millions de dollars de Hongkong (76 millions d’euros), ce qui en fait un projet très ambitieux pour le diocèse, mais, selon des sources internes à l’Eglise, Mgr Tong se montre « optimiste ». Outre le fait que le cardinal mobilise l’ensemble des catholiques de Hongkong pour ce projet, il fait appel à la société civile (on l’a ainsi vu jouer du violon à la télévision de Hongkong lors d’une émission de collecte de fonds pour la Caritas) et il a l’appui du gouvernement : celui-ci a promis d’abonder chaque million collecté par un autre million de fonds publics, les fonds collectés ouvrant de plus droit à déduction fiscale.
Pour la Caritas, ce projet est considérable et s’inscrit dans la lignée de son action auprès des populations défavorisées du territoire. Ses responsables souhaitent offrir aux jeunes qui fréquentent ses établissements d’enseignement technique une possibilité de poursuivre des études en cantonais, en mandarin et en anglais dans l’enseignement supérieur (la future université offrant des diplômes aussi bien dans les domaines techniques que généralistes, en sciences et en lettres).
Pour l’évêque de Hongkong, il s’agit de témoigner de la bonne volonté de l’Eglise catholique et de sa détermination à prendre part au développement de Hongkong. Un observateur local fait remarquer que le style du cardinal Tong diffère de celui de son prédécesseur, le cardinal Zen. A la confrontation devant laquelle le cardinal Zen ne reculait pas, le cardinal Tong préfère un style de relations plus apaisées, explique cet observateur. Il s’agit de montrer à Pékin comme au gouvernement local que la communauté catholique de Hongkong (5 % des sept millions de Hongkongais) « s’attache à apporter une participation positive à la vie de l’ancienne colonie britannique, au service des plus défavorisés, dans le respect de la doctrine sociale de l’Eglise, et pour le développement du capital humain de Hongkong ». De plus, seize ans après la rétrocession de 1997 et dans la perspective de l’intégration complète de Hongkong à la Chine populaire (la formule ‘Un pays, deux systèmes’ est censée perdurer jusqu’en 2047), l’Eglise souhaite durablement inscrire sa présence dans l’enseignement supérieur.
Un autre projet d’université catholique a été proposé pour Hongkong. En juin 2011, la province de Chine de la Société de Jésus a posé sa candidature auprès du gouvernement pour créer une université ex nihilo. Un jésuite américain, le P. Michael McFarland, du Holy Cross College (Massachusetts, USA), a été chargé du projet, mais ce dernier a, semble-t-il, rencontré des difficultés. Le terrain prévu par les autorités hongkongaises pour cette future université a été récemment réattribué pour y construire des HLM. Les responsables jésuites négocieraient avec le gouvernement de Hongkong un nouvel emplacement. Bâti autour d’un projet où l’anglais est la langue d’enseignement dominante, épaulé par les ressources humaines de la vingtaine d'universités jésuites des Etats-Unis, l’université jésuite cible une population plutôt aisée, qui fait souvent le choix d’envoyer ses enfants étudier à l’étranger. (eda/ra)
(Source: Eglises d'Asie, le 3 décembre 2013)
Pour le cardinal Tong, il s’agit de saisir l’opportunité offerte par le gouvernement de Hongkong. Face à une offre universitaire insuffisante, malgré le développement des huit universités financées sur fonds publics, le gouvernement local souhaite en effet que de nouvelles initiatives voient le jour dans ce domaine.
En matière d’éducation à Hongkong, l’Eglise catholique est un acteur de poids. Elle y gère en effet 221 des 935 écoles, collèges et lycées du territoire, scolarisant ainsi un quart des élèves. Ces dernières années, le diocèse de Hongkong, lorsque le cardinal Zen Ze-kiun en était l’évêque, n’a pas hésité à croiser le fer avec le gouvernement au sujet des évolutions législatives concernant le mode de gestion des établissements privés sous contrat avec l’Etat ou bien encore l’introduction de cours de patriotisme dans les écoles. Mais ces tensions n’ont jamais remis en cause le fait que les Hongkongais comme les autorités hongkongaises apprécient la qualité de l’enseignement dispensé dans les écoles dont l’Eglise a la charge. Durant toutes ces années, l’Eglise catholique est toutefois demeurée absente de l’enseignement supérieur, au contraire des protestants baptistes, fondateurs de l’Université baptiste de Hongkong (Hong Kong Baptist University), établissement créé en 1956 mais aujourd’hui passé dans le giron du public.
C’est pour combler cette lacune que le diocèse a proposé sa candidature au gouvernement de Hongkong. S’appuyant sur sa présence dans l’enseignement supérieur technique, l’Eglise souhaite désormais développer une université complète, et c’est au réseau Caritas qu’a été confiée cette mission. Très implantée à Hongkong à travers de nombreux établissements (centres sociaux, maisons de retraite, écoles primaires et secondaires, centre pour handicapés), la Caritas Hongkong gère également le CBCC - Caritas Bianchi College of Careers (du nom de Mgr Lorenzo Bianchi, évêque de Hongkong de 1951 à 1968) et le CIHE - Caritas Institute of Higher Education.
Installé à Tseung Kwan O, localité des Nouveaux Territoires très bien desservie par le métro et des lignes de bus, le CBCC accueille actuellement quelque 1 700 étudiants pour des formations courtes et professionnalisantes. Edifié sur un terrain alloué gratuitement par le gouvernement de Hongkong, son nouveau campus, d’un coût de 190 millions de dollars de Hongkong (18 millions d’euros), a été inauguré en 2009. Quant au CIHE, il s’est vu récemment alloué par le gouvernement un terrain de 7 500 m², adjacent au campus du CBCC, et a été autorisé à y construire un bâtiment de 30 000 m². En unissant leurs ressources, le CBCC et le CIHE ambitionnent désormais de construire l’Université catholique de Hongkong, destinée à accueillir plusieurs milliers d’étudiants.
Le coût du nouveau campus est annoncé à 800 millions de dollars de Hongkong (76 millions d’euros), ce qui en fait un projet très ambitieux pour le diocèse, mais, selon des sources internes à l’Eglise, Mgr Tong se montre « optimiste ». Outre le fait que le cardinal mobilise l’ensemble des catholiques de Hongkong pour ce projet, il fait appel à la société civile (on l’a ainsi vu jouer du violon à la télévision de Hongkong lors d’une émission de collecte de fonds pour la Caritas) et il a l’appui du gouvernement : celui-ci a promis d’abonder chaque million collecté par un autre million de fonds publics, les fonds collectés ouvrant de plus droit à déduction fiscale.
Pour la Caritas, ce projet est considérable et s’inscrit dans la lignée de son action auprès des populations défavorisées du territoire. Ses responsables souhaitent offrir aux jeunes qui fréquentent ses établissements d’enseignement technique une possibilité de poursuivre des études en cantonais, en mandarin et en anglais dans l’enseignement supérieur (la future université offrant des diplômes aussi bien dans les domaines techniques que généralistes, en sciences et en lettres).
Pour l’évêque de Hongkong, il s’agit de témoigner de la bonne volonté de l’Eglise catholique et de sa détermination à prendre part au développement de Hongkong. Un observateur local fait remarquer que le style du cardinal Tong diffère de celui de son prédécesseur, le cardinal Zen. A la confrontation devant laquelle le cardinal Zen ne reculait pas, le cardinal Tong préfère un style de relations plus apaisées, explique cet observateur. Il s’agit de montrer à Pékin comme au gouvernement local que la communauté catholique de Hongkong (5 % des sept millions de Hongkongais) « s’attache à apporter une participation positive à la vie de l’ancienne colonie britannique, au service des plus défavorisés, dans le respect de la doctrine sociale de l’Eglise, et pour le développement du capital humain de Hongkong ». De plus, seize ans après la rétrocession de 1997 et dans la perspective de l’intégration complète de Hongkong à la Chine populaire (la formule ‘Un pays, deux systèmes’ est censée perdurer jusqu’en 2047), l’Eglise souhaite durablement inscrire sa présence dans l’enseignement supérieur.
Un autre projet d’université catholique a été proposé pour Hongkong. En juin 2011, la province de Chine de la Société de Jésus a posé sa candidature auprès du gouvernement pour créer une université ex nihilo. Un jésuite américain, le P. Michael McFarland, du Holy Cross College (Massachusetts, USA), a été chargé du projet, mais ce dernier a, semble-t-il, rencontré des difficultés. Le terrain prévu par les autorités hongkongaises pour cette future université a été récemment réattribué pour y construire des HLM. Les responsables jésuites négocieraient avec le gouvernement de Hongkong un nouvel emplacement. Bâti autour d’un projet où l’anglais est la langue d’enseignement dominante, épaulé par les ressources humaines de la vingtaine d'universités jésuites des Etats-Unis, l’université jésuite cible une population plutôt aisée, qui fait souvent le choix d’envoyer ses enfants étudier à l’étranger. (eda/ra)
(Source: Eglises d'Asie, le 3 décembre 2013)