La République populaire de Chine compte 5,71 millions de catholiques, servis par 3 397 évêques, prêtres et diacres. Tels sont les données publiées, le 18 décembre dernier, par l’Institut pour les études culturelles, instance rattachée au centre catholique Shinde (‘La Foi’) de Shijiazhuang, dans le Hebei. Selon cette étude statistique, présentée par ses auteurs comme la plus systématique jamais réalisée en Chine populaire, il apparaît que le nombre des catholiques en Chine ne croît pas aussi rapidement que la population totale du pays, autrement dit que la part relative des catholiques en Chine diminue.

Dans un pays où l’Eglise est formée de deux communautés, l’une « officielle » et l’autre « clandestine », les auteurs de l’étude expliquent avoir choisi de ne pas distinguer entre ces deux groupes. Les chiffres qu’ils produisent recouvrent l’ensemble des catholiques, même s’il est précisé qu’étant donné la difficulté à rassembler des statistiques fiables en ce domaine, les résultats finaux présentent une marge d’erreur certaine. L’Institut pour les études culturelles explique avoir consacré trois mois à réunir ces données, en multipliant les échanges par mail, téléphone, fax et entretiens individuels.

Parmi les informations produites par l’étude, on peut noter que les prêtres chinois sont au nombre de 3 268, répartis en un peu plus d’une centaine de diocèses (1). La relève est assurée par les 628 séminaristes qui étudient actuellement dans les dix grands séminaires de l’Eglise et les 630 étudiants des trente petits séminaires. Pour les vocations féminines, le chiffre donné est de 106 congrégations et de 5 451 religieuses. On compte aussi 350 religieux.

On peut aussi noter que, dans un pays où le régime communiste a chassé l’Eglise de toutes les œuvres caritatives, sociales et éducatives qu’elle animait avant 1949, les réformes entreprises ces trente dernières années ont permis aux catholiques de discrètement revenir sur ce terrain. L’étude dresse ainsi une liste de plus de 400 noms d’organisations catholiques telles que des écoles, des instituts de recherche, des maisons d’édition, des centres de soins et autres institutions pour personnes âgées ou orphelins.

Sur le site Internet de Shinde (‘les Presses de la Foi au Hebei’), un internaute a souligné la relative faiblesse de la communauté catholique chinoise. Avec 5,71 millions de fidèles face à 1,3 milliard d’habitants, le travail d’évangélisation reste à faire, a-t-il remarqué. En 1949, on comptait 3 millions de catholiques pour une population de 500 millions de Chinois; soixante ans plus tard, la taille de la communauté catholique a à peine doublé tandis que la population totale faisait plus que doubler. Selon cet internaute, les catholiques ont omis de faire de l’évangélisation leur souci premier et, en multipliant les disputes et les divisions, ont perdu des occasions de voir l’Eglise croître en Chine.

Pour les observateurs, si l’étude publiée le 18 décembre présente un réel intérêt, on peut toutefois noter que le chiffre de 5,71 millions de catholiques ne s’écarte que peu du chiffre habituellement fourni par les autorités chinoises, lorsqu’elles affirment que les catholiques chinois sont au nombre de 5,3 millions. Par contraste, l’estimation 2008 du Centre de recherches du Saint-Esprit, lié au diocèse catholique de Hongkong, est de 12 millions de catholiques en Chine. Anthony Lam Sui-ki, du Centre de recherches du Saint-Esprit, explique cette différence par le fait que ce chiffre de 12 millions résulte d’études menées depuis 1988 et qu’année après année, il s’est avéré que son estimation était toujours plus élevée que celles venues de Chine continentale. Le chercheur ajoute que l’étude venue de Shijiazhuang ne donne pas d’indications quant au nombre des évêques. Selon les données compilées à Hongkong, on compte à ce jour 80 évêques catholiques en Chine reconnus par le Saint-Siège; environ la moitié d’entre eux ne sont pas reconnus comme tels par le gouvernement chinois. De plus, on compte un peu moins de 10 évêques qui exercent leur ministère épiscopal sans que celui-ci soit reconnu par le pape.

En 1949, les protestants chinois étaient au nombre de 500 000. En 2005, le Mouvement des trois autonomies, structure qui encadre les activités des protestants « officiels », indiquait qu’il y avait entre 10 et 15 millions de protestants en Chine. Récemment, un chercheur chinois a évoqué le chiffre de 50 millions de protestants en Chine, les deux tiers des baptisés pratiquant donc leur religion au sein d’« églises domestiques », non enregistrées auprès des structures « officielles » (2).

(1) Signe de la difficulté à agréger des statistiques fiables au sujet de l’Eglise en Chine, le nombre des diocèses n’est même pas connu avec précision. Plus exactement, selon les données du Saint-Siège, on compte 138 diocèses en Chine (tels qu’ils existaient en 1949); sur ces 138, 22 sont considérés comme inactifs car n’existant plus que sur le papier. Selon les données chinoises, on compte 97 diocèses catholiques en Chine (ces dernières années, une vaste opération de redécoupage des frontières des diocèses a été entreprise, de manière à ce que celles-ci correspondent peu ou prou au découpage administratif du pays; des diocèses ont ainsi été regroupés).
(2) Voir EDA 519

(Source: Eglises d'Asie, 23 décembre 2009)