Le 1er juin dernier, intervenant devant la presse au Foreign Correspondents’ Club de Hongkong, le cardinal Zen, qui a récemment pris sa retraite d’évêque à la tête du diocèse de Hongkong, a vigoureusement dénoncé le contrôle exercé par les autorités chinoises sur l’Eglise catholique en Chine.

La célébration l’an dernier à Pékin du 50ème anniversaire des premières ordinations épiscopales illicites, c’est-à-dire menées sans mandat pontifical, a été considérée par le pape Benoît XVI comme « une provocation », a déclaré le cardinal Zen, dénonçant de plus comme « parfaitement inacceptables » certains des discours prononcés à cette occasion par des évêques « officiels » en faveur d’une Eglise chinoise indépendante de Rome (1). Le pape a fait de l’amélioration des relations avec Pékin une des priorités de son pontificat, mais, en quatre ans, rien n’indique que ses efforts en ce sens aient été payés de retour par Pékin, a-t-il poursuivi, soulignant que le seul point positif de ce dossier était que, depuis 2006, Pékin s’était abstenu d’organiser de nouvelles ordinations épiscopales sans mandat pontifical.

Evoquant la perspective prochaine – d’ici à la fin de l’année 2009 – de l’Assemblée nationale des représentants catholiques, l’instance chargée par Pékin d’élire le futur président de la Conférence des évêques « officiels » et celui de l’Association patriotique des catholiques chinois, le cardinal Zen a exprimé très ouvertement ses craintes: de très fortes pressions, qui passent par des manœuvres d’intimidation ou de corruption, sont exercées sur les évêques « officiels », qui, a rappelé le cardinal, ont tous, à l’exception d’une poignée, été légitimés, c’est-à-dire reconnus comme évêques de l’Eglise catholique par le Saint-Siège. Le cardinal Zen a indiqué que, lors de précédentes ordinations épiscopales illicites, les autorités chinoises avaient remis d’importantes sommes d’argent à certains évêques afin de s’assurer de leur participation à ces ordinations; un évêque « officiel » a ainsi reçu 700 000 yuans (72 000 euros) et un autre 200 000 yuans de la part du gouvernement pour financer des travaux de construction ou de rénovation d’édifices religieux.

A quelques jours du 20ème anniversaire du massacre de Tienanmen, le cardinal Zen a, bien entendu, été interrogé par les journalistes sur cette question. Il a réitéré en termes très clairs une position par ailleurs maintes fois exprimées: le gouvernement chinois ne peut plus se contenter de qualifier les manifestations du printemps 1989 d’« émeutes contre-révolutionnaires ». Il ne s’agit pas de chercher à venger les victimes du printemps de Pékin écrasées par les chars de l’armée, mais d’honorer leur mémoire en cherchant à faire la lumière sur les responsabilités de ceux qui ont ordonné la répression. « Justice doit être rendue, non seulement pour réconforter les parents des jeunes qui sont morts, mais aussi pour enseigner aux générations futures ce qui est bon et ce qui est mauvais, a déclaré le cardinal Zen. Nous voulons espérer que pareille tragédie ne se répètera pas. »

A la cathédrale du diocèse de Hongkong, le 29 mai, le cardinal avait présidé, en présence de ses trois vicaires généraux et de plusieurs prêtres, une messe commémorative du massacre de Tienanmen. Une prière avait été dite pour que « l’esprit patriotique du 4 juin inspire la jeunesse chinoise d’aujourd’hui pour édifier un pays droit et démocratique ». De plus, cette année comme les années précédentes, le 4 juin, la Commission ‘Justice et Paix’ du diocèse de Hongkong, en lien avec l’Union of Hong Kong Catholic Organizations in Support of the Patriotic and Democratic Movement in China, organisera une veillée de prières au parc Victoria, avant que les chrétiens présents ce soir ne rejoignent les Hongkongais qui prendront part aux manifestations commémoratives du printemps de Pékin.

(1) Voir EDA 498, 508

Eglises d'Asie, 2 juin 2009