Eglises d’Asie, 14 juillet 2010 – C’est à l’âge où le droit canon spécifie que tout évêque est tenu de présenter sa démission au Saint-Père que le nouvel évêque de Taizhou a été élevé à l’épiscopat. Le 10 juillet dernier, en la cathédrale du Sacré-Cœur de Jésus à Taizhou, le P. Anthony Xu Jiwei a été ordonné évêque de ce diocèse du Zhejiang. Agé de 75 ans, il assumait la fonction d’administrateur diocésain de Taizhou depuis 1999.
Mgr Anthony Xu a été consacré évêque « officiel » de Taizhou, son mandat épiscopal ayant été approuvé par le Saint-Siège et validé par les autorités chinoises. Il a été ordonné par quatre évêques « officiels » en communion avec Rome: Mgr Joseph Li Mingshu, évêque de Qingdao (province du Shandong), qui présidait la cérémonie, Mgr Joseph Zhao Fengchang, de Liaocheng (Shandong), Mgr Joseph Xu Honggen, de Suzhou (Jiangsu), et Mgr Joseph Han Yingjin, de Sanyuan (Shaanxi), ce dernier ayant été ordonné évêque quinze jours plus tôt (1).
Ce mercredi 14 juillet, le Saint-Siège a rendu compte de la consécration de Mgr Xu Jiwei. Le communiqué est ainsi libellé: « La salle de presse du Saint-Siège confirme que, samedi dernier, le Père Antoine Xu Jiwei (75 ans, 25 ans de sacerdoce) a été consacré évêque de Taizhou (Chine populaire), diocèse dont il était l’administrateur depuis 1999. Le Saint-Siège le destinait à ce siège et, récemment, le gouvernement chinois a approuvé cette consécration. (…) » Depuis le début de cette année 2010, quatre ordinations ou installation d’évêques ont été organisées au sein de l’Eglise de Chine, mais, contrairement à celle de Mgr Xu Jiwei, elles n’ont pas donné lieu à publication d’un communiqué officiel du Saint-Siège (2).
Situé dans une région confiée autrefois aux lazaristes, le diocèse de Taizhou présente la particularité de compter au nombre des six premiers diocèses à avoir été dotés d’un évêque chinois. C’est en effet en octobre 1926 que le pape Pie XI lança le mouvement qui allait conduire l’Eglise de Chine à être entièrement confiée à un clergé autochtone. En 1926, Taizhou (ou Taichow), qui était alors un vicariat apostolique détaché du vicariat apostolique de Ningbo, était confié au lazariste Joseph Hou Jo-shan (Hu Jo-shan) qui en assuma la direction jusqu’à sa mort, en 1962 (3).
Le diocèse de Taizhou n’a pas été épargné par la répression antireligieuse du régime communiste. Avant la prise du pouvoir par Mao Zedong, en 1949, le vicariat apostolique de Taizhou, érigé en diocèse en 1946, était dynamique et avait vu le nombre de ses prêtres passer de sept en 1926 à 21 quelques années plus tard. La persécution culmina en 1957, année où toutes les églises du diocèse furent fermées et les prêtres arrêtés. Mgr Hou Jo-shan partit en prison et ne fut libéré qu’en 1962, très affaibli par la maladie, pour mourir quelques mois plus tard.
Si le nouvel évêque de Taizhou n’a pas directement connu la persécution de la communauté catholique de Taizhou, il a traversé des épreuves similaires. Né en 1935, il est entré au petit séminaire de Ningbo en 1948, un an avant la prise du pouvoir par les communistes. Envoyé ensuite au grand séminaire de Xujiahui, à Shanghai, il en sort en 1958, période où les campagnes anticatholiques se succèdent les unes aux autres. En 1960, il est arrêté, condamné à cinq ans de prison, suivis de 20 années de camps de travail. Un travail souvent très pénible, parfois moins, comme durant les six dernières années de sa détention où il est affecté comme enseignant dans un lycée. En 1985, il est libéré et envoyé à Shanghai, où il fait partie du premier groupe de séminaristes réadmis au séminaire de Sheshan. Après quelques mois d’études, il est ordonné prêtre pour le diocèse de Ningbo, mais reste à Sheshan où il enseigne à ses pairs, qui, comme lui, sont pour la plupart d’anciens séminaristes chassés du séminaire dans les années 1950-1960 et qui reprennent leur formation après des années de camps. Ce n’est qu’en 1987 qu’il commence un ministère pastoral, à Ningbo d’abord, puis à Taizhou en 1999, où il est nommé administrateur diocésain. A cette date, Taizhou ne compte plus que deux prêtres et tout est à reconstruire.
De cette vie passablement heurtée mais semblable à celle de toute la frange âgée du clergé chinois, Mgr Xu Jiwei ne veut retenir que le fait que ces années de privation de liberté lui ont permis de « renforcer sa foi ». A l’agence AsiaNews, il déclare: « Durant ce temps d’épreuve, j’ai prié chaque jour. J’ai compris que Dieu m’aimait profondément et qu’Il était avec moi chaque jour. »
Aujourd’hui, le diocèse de Taizhou compte 3 500 catholiques, soit moins que les quelque 6 000 catholiques recensés en 1957. Le nombre des prêtres est de cinq et celui des religieuses de neuf, dont les Sœurs de la Charité Servantes de Sainte Thérèse, une congrégation féminine diocésaine fondée en 1999 par Mgr Xu Jiwei (4). « Le diocèse a pu récupérer 25 églises et chapelles », précise le nouvel évêque. Tout en espérant que les diocèses de Ningbo et Shanghai pourront l’aider à former ses séminaristes et les novices candidates à la vie religieuse, Mgr Xu Jiwei se dit optimiste quant à la reprise de l’évangélisation dans son diocèse et la croissance de la communauté catholique.
(1) Voir EDA 532
(2) Contrairement à l’usage, le communiqué du Saint-Siège concernant l’ordination n’a pas été publié à la rubrique ‘Autres actes pontificaux’, mais sous le titre particulier de ‘Consécration d’un évêque en Chine’. La veille, 13 juillet, Vatican Information Service (VIS) avait fait mention de la réaction du cardinal Ivan Dias, préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, à l’annonce de la libération de Mgr Julius Jia Zhiguo, évêque « clandestin » de Zhengding (Hebei) (voir dépêche ci-dessus).
La salle de presse du Saint-Siège publie peu de communiqués ayant trait à la Chine. Mises à part les mentions récentes concernant la réunion à Rome de la Commission pour l’Eglise en Chine, la dernière fois où VIS a évoqué la Chine remonte au 8 septembre 2005, lorsque Benoît XVI avait invité quatre évêques de Chine continentale à participer au Synode sur l’eucharistie. Ces derniers n’avaient finalement pas pu obtenir l’autorisation de se rendre à Rome pour ce synode (voir EDA 425, 426).
(3) Voir EDA 452
(4) Dans son communiqué du 14 juillet, le Saint-Siège cite les chiffres de 25 églises, 6.000 fidèles, une quinzaine de prêtres et une dizaine de religieuses.
(Source: Eglises d'Asie, 14 juillet 2010)
Mgr Anthony Xu a été consacré évêque « officiel » de Taizhou, son mandat épiscopal ayant été approuvé par le Saint-Siège et validé par les autorités chinoises. Il a été ordonné par quatre évêques « officiels » en communion avec Rome: Mgr Joseph Li Mingshu, évêque de Qingdao (province du Shandong), qui présidait la cérémonie, Mgr Joseph Zhao Fengchang, de Liaocheng (Shandong), Mgr Joseph Xu Honggen, de Suzhou (Jiangsu), et Mgr Joseph Han Yingjin, de Sanyuan (Shaanxi), ce dernier ayant été ordonné évêque quinze jours plus tôt (1).
Ce mercredi 14 juillet, le Saint-Siège a rendu compte de la consécration de Mgr Xu Jiwei. Le communiqué est ainsi libellé: « La salle de presse du Saint-Siège confirme que, samedi dernier, le Père Antoine Xu Jiwei (75 ans, 25 ans de sacerdoce) a été consacré évêque de Taizhou (Chine populaire), diocèse dont il était l’administrateur depuis 1999. Le Saint-Siège le destinait à ce siège et, récemment, le gouvernement chinois a approuvé cette consécration. (…) » Depuis le début de cette année 2010, quatre ordinations ou installation d’évêques ont été organisées au sein de l’Eglise de Chine, mais, contrairement à celle de Mgr Xu Jiwei, elles n’ont pas donné lieu à publication d’un communiqué officiel du Saint-Siège (2).
Situé dans une région confiée autrefois aux lazaristes, le diocèse de Taizhou présente la particularité de compter au nombre des six premiers diocèses à avoir été dotés d’un évêque chinois. C’est en effet en octobre 1926 que le pape Pie XI lança le mouvement qui allait conduire l’Eglise de Chine à être entièrement confiée à un clergé autochtone. En 1926, Taizhou (ou Taichow), qui était alors un vicariat apostolique détaché du vicariat apostolique de Ningbo, était confié au lazariste Joseph Hou Jo-shan (Hu Jo-shan) qui en assuma la direction jusqu’à sa mort, en 1962 (3).
Le diocèse de Taizhou n’a pas été épargné par la répression antireligieuse du régime communiste. Avant la prise du pouvoir par Mao Zedong, en 1949, le vicariat apostolique de Taizhou, érigé en diocèse en 1946, était dynamique et avait vu le nombre de ses prêtres passer de sept en 1926 à 21 quelques années plus tard. La persécution culmina en 1957, année où toutes les églises du diocèse furent fermées et les prêtres arrêtés. Mgr Hou Jo-shan partit en prison et ne fut libéré qu’en 1962, très affaibli par la maladie, pour mourir quelques mois plus tard.
Si le nouvel évêque de Taizhou n’a pas directement connu la persécution de la communauté catholique de Taizhou, il a traversé des épreuves similaires. Né en 1935, il est entré au petit séminaire de Ningbo en 1948, un an avant la prise du pouvoir par les communistes. Envoyé ensuite au grand séminaire de Xujiahui, à Shanghai, il en sort en 1958, période où les campagnes anticatholiques se succèdent les unes aux autres. En 1960, il est arrêté, condamné à cinq ans de prison, suivis de 20 années de camps de travail. Un travail souvent très pénible, parfois moins, comme durant les six dernières années de sa détention où il est affecté comme enseignant dans un lycée. En 1985, il est libéré et envoyé à Shanghai, où il fait partie du premier groupe de séminaristes réadmis au séminaire de Sheshan. Après quelques mois d’études, il est ordonné prêtre pour le diocèse de Ningbo, mais reste à Sheshan où il enseigne à ses pairs, qui, comme lui, sont pour la plupart d’anciens séminaristes chassés du séminaire dans les années 1950-1960 et qui reprennent leur formation après des années de camps. Ce n’est qu’en 1987 qu’il commence un ministère pastoral, à Ningbo d’abord, puis à Taizhou en 1999, où il est nommé administrateur diocésain. A cette date, Taizhou ne compte plus que deux prêtres et tout est à reconstruire.
De cette vie passablement heurtée mais semblable à celle de toute la frange âgée du clergé chinois, Mgr Xu Jiwei ne veut retenir que le fait que ces années de privation de liberté lui ont permis de « renforcer sa foi ». A l’agence AsiaNews, il déclare: « Durant ce temps d’épreuve, j’ai prié chaque jour. J’ai compris que Dieu m’aimait profondément et qu’Il était avec moi chaque jour. »
Aujourd’hui, le diocèse de Taizhou compte 3 500 catholiques, soit moins que les quelque 6 000 catholiques recensés en 1957. Le nombre des prêtres est de cinq et celui des religieuses de neuf, dont les Sœurs de la Charité Servantes de Sainte Thérèse, une congrégation féminine diocésaine fondée en 1999 par Mgr Xu Jiwei (4). « Le diocèse a pu récupérer 25 églises et chapelles », précise le nouvel évêque. Tout en espérant que les diocèses de Ningbo et Shanghai pourront l’aider à former ses séminaristes et les novices candidates à la vie religieuse, Mgr Xu Jiwei se dit optimiste quant à la reprise de l’évangélisation dans son diocèse et la croissance de la communauté catholique.
(1) Voir EDA 532
(2) Contrairement à l’usage, le communiqué du Saint-Siège concernant l’ordination n’a pas été publié à la rubrique ‘Autres actes pontificaux’, mais sous le titre particulier de ‘Consécration d’un évêque en Chine’. La veille, 13 juillet, Vatican Information Service (VIS) avait fait mention de la réaction du cardinal Ivan Dias, préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, à l’annonce de la libération de Mgr Julius Jia Zhiguo, évêque « clandestin » de Zhengding (Hebei) (voir dépêche ci-dessus).
La salle de presse du Saint-Siège publie peu de communiqués ayant trait à la Chine. Mises à part les mentions récentes concernant la réunion à Rome de la Commission pour l’Eglise en Chine, la dernière fois où VIS a évoqué la Chine remonte au 8 septembre 2005, lorsque Benoît XVI avait invité quatre évêques de Chine continentale à participer au Synode sur l’eucharistie. Ces derniers n’avaient finalement pas pu obtenir l’autorisation de se rendre à Rome pour ce synode (voir EDA 425, 426).
(3) Voir EDA 452
(4) Dans son communiqué du 14 juillet, le Saint-Siège cite les chiffres de 25 églises, 6.000 fidèles, une quinzaine de prêtres et une dizaine de religieuses.
(Source: Eglises d'Asie, 14 juillet 2010)