Alors que de vives tensions secouent la péninsule coréenne – la Corée du Nord a procédé à un nouveau tir de missile depuis un sous-marin le 24 août dernier, tandis que deux jours plus tôt la Corée du Sud, en pleine manœuvre militaire annuelle, simulait une invasion nord-coréenne (1) –, l’Eglise catholique continue à miser sur la paix et la réconciliation en multipliant les initiatives en leur faveur.
Parmi elles, une mesure, prise par les évêques catholiques sud-coréens lors de leur dernière assemblée plénière de mars 2016, invite chaque paroisse catholique à créer son propre comité paroissial pour la réconciliation. Son but : éveiller les consciences des paroissiens à une réconciliation et une réunification entre les deux peuples coréens.
Un comité paroissial pour la réconciliation dans chaque paroisse catholique
« Ces comités paroissiaux ont pour but d’éveiller la conscience des fidèles vers une réconciliation nationale, afin qu’ils deviennent des piliers en matière de formation à la paix et développent l’entraide envers nos frères nord-coréens », explique James Byeon Jin-heung, chercheur à l’Institut catholique pour la paix d’Uijeongbu.
Les diocèses catholiques d’Uijeongbu et de Chuncheon ont, pour leur part, déjà créé leur propre comité diocésain pour la réunification. Situés à la frontière nord-coréenne, ils se situent au premier plan du travail de réconciliation entamé par l’Eglise catholique en Corée du Sud. Dans le diocèse d’Uijeongbu, les missionnaires sont spécifiquement formés au dialogue et aux échanges avec la Corée du Nord. Un Centre d’accueil pour la réconciliation nationale, créé en 1997, accueille les réfugiés nord-coréens qui sont pris en charge matériellement et accompagné dans leur réinsertion sociale et professionnelle en Corée du Sud.
Le diocèse d’Incheon, au sud-ouest de Séoul, a pris une longueur d’avance, puisque fin juillet, le Comité diocésain pour la réconciliation nationale réunissait les 29 comités paroissiaux de réconciliation déjà créés dans le diocèse.
Dans l’archidiocèse de Daegu, au sud du pays, les initiatives prennent plus de temps. A la paroisse de Dowon, le comité paroissial de réconciliation a été créé il y a seulement quelques jours. « Nous rencontrons beaucoup de réfugiés nord-coréens mais nous nous intéressons très peu à eux », déplore le P. Pius Yi Ki-soo, responsable du Comité diocésain pour la réconciliation nationale. « A présent, j’espère que la paroisse Dowon va devenir un centre de soutien et d’entraide pour les Nord-Coréens », confie-t-il à l’agence Ucanews.
Colloque international à Séoul pour la paix et la réconciliation
Autre initiative, cette fois-ci organisée par l’archidiocèse de Séoul : un colloque international sur la paix, le « 2016 Peace Sharing Forum », organisé les 19 et 20 août derniers. Son but : partager l’expérience de réconciliation et d’unité vécue par certains hauts responsables religieux étrangers lors des conflits armés qui ont secoué leur pays, afin de pouvoir discerner le rôle que l’Eglise catholique coréenne peut jouer dans le processus de réconciliation de la péninsule coréenne.
Sont notamment intervenus le cardinal Béchara Boutros Raï, patriarche des maronites du Liban et de tout l’Orient, et le cardinal archevêque Vinko Puljic, originaire de Bosnie Herzégovine. Organisé par le Comité diocésain pour la réconciliation de l’archidiocèse de Séoul, c’est la première fois que de si hauts responsables de l’Eglise catholique universelle ont été invités à venir échanger sur le rôle que peut jouer l’Elise catholique dans la réconciliation entre les deux Corée.
En parallèle du colloque, le Comité diocésain pour la réconciliation a également organisé une session spéciale en présence de Mgr Raï, de Mgr Stanislav Hocevar, originaire de Belgrade en Serbie, actuellement nonce apostolique en Autriche, ainsi que de Mgr Franjo Komarica, évêque de Banja Luka, en Bosnie-Herzégovine, qui a partagé sa douloureuse expérience d’évêque pendant la guerre qui a frappé son pays dans les années 1990.
L’implication de l’archidiocèse de Séoul dans le processus de réconciliation et de réunification de la péninsule coréenne ne date pas d’hier. En 1995 déjà, l’archidiocèse créait le Comité coréen pour la réconciliation, afin d’encourager les initiatives de pardon et de réconciliation entre les deux peuples et aider à la formation de médiateurs pour la paix.
Pèlerinage d’une centaine de jeunes à la frontière entre les deux Corée
Autre initiative impulsée par l’archidiocèse de Séoul, cette fois-ci en faveur de la jeunesse : une marche d’une semaine pour la paix et la réconciliation, organisée du 13 au 19 août derniers, où une centaine de jeunes ont parcouru près de 200 kilomètres, le long de la zone démilitarisée (DMZ), à la frontière des deux Corée.
« J’ai vu une image des 103 martyrs coréens, dans le New Jersey, aux Etats-Unis, et j’ai décidé de me joindre à cette marche, confie Michelle Kim. J’ai grandi aux Etats-Unis mais j’ai toujours entendu mes parents parler de la division de la Corée. Il y a sept ans, je m’étais déjà rendue à la DMZ, mais cette fois-ci je suis heureuse de pouvoir participer à cette marche avec d’autres Coréens et amis étrangers. »
Pour Stephen Shin Han-seop, étudiant en relations internationales, c’est la rencontre avec des étudiants nord-coréens, lorsqu’il était étudiant en Chine, qui a été déterminante dans sa prise de conscience de l’importance de la réunification. « J’espère que cette marche éveillera la conscience des jeunes sur l’importance de la réunification », a-t-il souligné. « J’espère qu’un jour nous pourrons marcher librement en Corée du Nord », a confié un autre jeune marcheur coréen.
Avant de partir pour leur semaine de marche, les jeunes, réunis à la cathédrale de Séoul, avaient été bénis par le cardinal Yeomg Soo-jung, archevêque de Séoul. « S’il vous plaît, goûtez à la valeur inestimable de la paix lorsque vous marcherez le long de la ligne de division nationale, et rapportez de la paix pour tous les Coréens », leur a-t-il demandé.
Archevêque de Séoul, mais également administrateur apostolique de Pyongyang, capitale de la Corée du Nord, Mgr Yeom Soo-jung, avait, en 2014, exceptionnellement pu se rendre en territoire nord-coréen en visitant le complexe industriel de Kaesong (Gaeseong), à quelques kilomètres de la DMZ qui sépare les deux pays, rendant cette visite historique.
Si l’Eglise catholique se montre très impliquée et active dans le processus de paix et de réconciliation entre les deux Corée, l’opinion publique sud-coréenne se montre, quant à elle, beaucoup plus réservée à l’idée d’une réunification de la péninsule. En effet, après les nombreux sacrifices réalisés par les Sud-Coréens ces quarante dernières années, pour atteindre leur niveau de vie actuel, bon nombre d’entre eux ne sont pas encore prêts à payer le coût social et économique d’une réunification de la péninsule coréenne, les difficultés d’insertion d’une partie des quelque 30 000 réfugiés nord-coréens aujourd’hui installés dans la société sud-coréenne hyper-capitaliste, ne les aidant pas à poser un regard plus confiant sur cette perspective. (eda/nfb)
(1) Ces manœuvres annuelles, baptisées « Ulchi Freedom », sont essentiellement une simulation sur ordinateur d’une invasion nord-coréenne ; elles mobilisent toutefois 50 000 soldats sud-coréens et 30 000 militaires américains. Chaque année, elles se traduisent par une montée de tension sur la péninsule.
(Source: Eglises d'Asie, le 26 août 2016)
Un comité paroissial pour la réconciliation dans chaque paroisse catholique
« Ces comités paroissiaux ont pour but d’éveiller la conscience des fidèles vers une réconciliation nationale, afin qu’ils deviennent des piliers en matière de formation à la paix et développent l’entraide envers nos frères nord-coréens », explique James Byeon Jin-heung, chercheur à l’Institut catholique pour la paix d’Uijeongbu.
Les diocèses catholiques d’Uijeongbu et de Chuncheon ont, pour leur part, déjà créé leur propre comité diocésain pour la réunification. Situés à la frontière nord-coréenne, ils se situent au premier plan du travail de réconciliation entamé par l’Eglise catholique en Corée du Sud. Dans le diocèse d’Uijeongbu, les missionnaires sont spécifiquement formés au dialogue et aux échanges avec la Corée du Nord. Un Centre d’accueil pour la réconciliation nationale, créé en 1997, accueille les réfugiés nord-coréens qui sont pris en charge matériellement et accompagné dans leur réinsertion sociale et professionnelle en Corée du Sud.
Le diocèse d’Incheon, au sud-ouest de Séoul, a pris une longueur d’avance, puisque fin juillet, le Comité diocésain pour la réconciliation nationale réunissait les 29 comités paroissiaux de réconciliation déjà créés dans le diocèse.
Dans l’archidiocèse de Daegu, au sud du pays, les initiatives prennent plus de temps. A la paroisse de Dowon, le comité paroissial de réconciliation a été créé il y a seulement quelques jours. « Nous rencontrons beaucoup de réfugiés nord-coréens mais nous nous intéressons très peu à eux », déplore le P. Pius Yi Ki-soo, responsable du Comité diocésain pour la réconciliation nationale. « A présent, j’espère que la paroisse Dowon va devenir un centre de soutien et d’entraide pour les Nord-Coréens », confie-t-il à l’agence Ucanews.
Colloque international à Séoul pour la paix et la réconciliation
Autre initiative, cette fois-ci organisée par l’archidiocèse de Séoul : un colloque international sur la paix, le « 2016 Peace Sharing Forum », organisé les 19 et 20 août derniers. Son but : partager l’expérience de réconciliation et d’unité vécue par certains hauts responsables religieux étrangers lors des conflits armés qui ont secoué leur pays, afin de pouvoir discerner le rôle que l’Eglise catholique coréenne peut jouer dans le processus de réconciliation de la péninsule coréenne.
Sont notamment intervenus le cardinal Béchara Boutros Raï, patriarche des maronites du Liban et de tout l’Orient, et le cardinal archevêque Vinko Puljic, originaire de Bosnie Herzégovine. Organisé par le Comité diocésain pour la réconciliation de l’archidiocèse de Séoul, c’est la première fois que de si hauts responsables de l’Eglise catholique universelle ont été invités à venir échanger sur le rôle que peut jouer l’Elise catholique dans la réconciliation entre les deux Corée.
En parallèle du colloque, le Comité diocésain pour la réconciliation a également organisé une session spéciale en présence de Mgr Raï, de Mgr Stanislav Hocevar, originaire de Belgrade en Serbie, actuellement nonce apostolique en Autriche, ainsi que de Mgr Franjo Komarica, évêque de Banja Luka, en Bosnie-Herzégovine, qui a partagé sa douloureuse expérience d’évêque pendant la guerre qui a frappé son pays dans les années 1990.
L’implication de l’archidiocèse de Séoul dans le processus de réconciliation et de réunification de la péninsule coréenne ne date pas d’hier. En 1995 déjà, l’archidiocèse créait le Comité coréen pour la réconciliation, afin d’encourager les initiatives de pardon et de réconciliation entre les deux peuples et aider à la formation de médiateurs pour la paix.
Pèlerinage d’une centaine de jeunes à la frontière entre les deux Corée
Autre initiative impulsée par l’archidiocèse de Séoul, cette fois-ci en faveur de la jeunesse : une marche d’une semaine pour la paix et la réconciliation, organisée du 13 au 19 août derniers, où une centaine de jeunes ont parcouru près de 200 kilomètres, le long de la zone démilitarisée (DMZ), à la frontière des deux Corée.
« J’ai vu une image des 103 martyrs coréens, dans le New Jersey, aux Etats-Unis, et j’ai décidé de me joindre à cette marche, confie Michelle Kim. J’ai grandi aux Etats-Unis mais j’ai toujours entendu mes parents parler de la division de la Corée. Il y a sept ans, je m’étais déjà rendue à la DMZ, mais cette fois-ci je suis heureuse de pouvoir participer à cette marche avec d’autres Coréens et amis étrangers. »
Pour Stephen Shin Han-seop, étudiant en relations internationales, c’est la rencontre avec des étudiants nord-coréens, lorsqu’il était étudiant en Chine, qui a été déterminante dans sa prise de conscience de l’importance de la réunification. « J’espère que cette marche éveillera la conscience des jeunes sur l’importance de la réunification », a-t-il souligné. « J’espère qu’un jour nous pourrons marcher librement en Corée du Nord », a confié un autre jeune marcheur coréen.
Avant de partir pour leur semaine de marche, les jeunes, réunis à la cathédrale de Séoul, avaient été bénis par le cardinal Yeomg Soo-jung, archevêque de Séoul. « S’il vous plaît, goûtez à la valeur inestimable de la paix lorsque vous marcherez le long de la ligne de division nationale, et rapportez de la paix pour tous les Coréens », leur a-t-il demandé.
Archevêque de Séoul, mais également administrateur apostolique de Pyongyang, capitale de la Corée du Nord, Mgr Yeom Soo-jung, avait, en 2014, exceptionnellement pu se rendre en territoire nord-coréen en visitant le complexe industriel de Kaesong (Gaeseong), à quelques kilomètres de la DMZ qui sépare les deux pays, rendant cette visite historique.
Si l’Eglise catholique se montre très impliquée et active dans le processus de paix et de réconciliation entre les deux Corée, l’opinion publique sud-coréenne se montre, quant à elle, beaucoup plus réservée à l’idée d’une réunification de la péninsule. En effet, après les nombreux sacrifices réalisés par les Sud-Coréens ces quarante dernières années, pour atteindre leur niveau de vie actuel, bon nombre d’entre eux ne sont pas encore prêts à payer le coût social et économique d’une réunification de la péninsule coréenne, les difficultés d’insertion d’une partie des quelque 30 000 réfugiés nord-coréens aujourd’hui installés dans la société sud-coréenne hyper-capitaliste, ne les aidant pas à poser un regard plus confiant sur cette perspective. (eda/nfb)
(1) Ces manœuvres annuelles, baptisées « Ulchi Freedom », sont essentiellement une simulation sur ordinateur d’une invasion nord-coréenne ; elles mobilisent toutefois 50 000 soldats sud-coréens et 30 000 militaires américains. Chaque année, elles se traduisent par une montée de tension sur la péninsule.
(Source: Eglises d'Asie, le 26 août 2016)